C'est la réalisatrice à suivre. Et on espère déjà, alors que ce n'est que son deuxième film, que les chemins sur lesquels elle nous mènera seront toujours aussi lumineux et touchants. Céline Sciamma est sortie de la section scénario de la Femis avec le scripte de Naissance des pieuvres sous le bras. Ce premier essai dans le terrain miné de l'adolescence et de la sexualité naissante fut un brillant succès, notamment pas son écriture toute en nuance et par le talent de ses jeunes actrices et acteurs.
Tomboy nourrissait donc de grosses attentes. Il suffisait de voir l'émulsion dans la salle de projection avant que les lumières ne s'éteignent. Tout le monde trépignait, parents et enfants... Car oui, malgré son sujet à fleur de peau, le film a su convaincre des parents qui auraient pu se laisser dérouter par la troublante ambiguïté qui l'anime.
Laure, des yeux de rêves et la tignasse taillée court, vient d'emménager dans une nouvelle ville avec ses parents. Lorsqu'elle sort pour la première fois de son appartement pour aller jouer avec les enfants du quartier, Laure se fait passer pour un garçon. Elle se fait dès lors appeler Mickaël, ce qui ne va pas sans troubler Lisa, une jeune fille qui tombe amoureuse de ce gamin un peu différent.
Céline Sciamma continue son exploration des genres, quittant l'adolescence et ses turpitudes pour un âge encore plus obscur, où notre corps n'est pas encore dans le mouvement immuable du temps, où l'on s'imagine peut être qu'il évoluera aux grès de nos envies, de nos désirs. Ici le désir d'une jeune fille de s'habiller, de jouer au foot, de cracher, de se battre et de s'amouracher comme un garçon, dans l'illusion qu'il n'y aura pas la moindre conséquence au mensonge. Seulement le corps est là et on ne peut le braver indéfiniment. Laure aura beau y rajouter un penis de patte à modeler, l'altérité, la norme, le genre, seront toujours là pour rattraper cette bravade et pour lui rappeler les limites que son corps lui inflige.
Une scène magnifique illustre tout ce trouble. Lisa décide de maquiller Mickaël/Laure en fille. Jeu d'enfant. Celui-ci se laisse faire et Lisa de lui dire: "Tu es beau en fille. Ca te va bien". Et voilà qu'alors que Laure semble s'épanouir dans ses nouveaux attributs, le miroir (Lisa, une autre fille) la renvoie à la dure réalité biologique.
Tout en douceur, tout en subtilité, le film de Sciamma distille une énergie enfantine électrisante. Trouvant des profondeurs de champs incroyables, des lumières fabuleuses, composant des plans d'une infinie beauté, la réalisatrice étreint son sujet et ses acteurs dans un écrin bourgeonnant et feutré comme rarement on a pu le voir. Cette rayonnante exploration doit beaucoup à la fraîcheur folle de tous ces jeunes interprètes. Les jeunes Zoé Heran et Malonn Lévana sont deux des plus beaux brins de soleil dans ce printemps qui semble pourtant s'être déjà mué en été.
Une scène magnifique illustre tout ce trouble. Lisa décide de maquiller Mickaël/Laure en fille. Jeu d'enfant. Celui-ci se laisse faire et Lisa de lui dire: "Tu es beau en fille. Ca te va bien". Et voilà qu'alors que Laure semble s'épanouir dans ses nouveaux attributs, le miroir (Lisa, une autre fille) la renvoie à la dure réalité biologique.
Tout en douceur, tout en subtilité, le film de Sciamma distille une énergie enfantine électrisante. Trouvant des profondeurs de champs incroyables, des lumières fabuleuses, composant des plans d'une infinie beauté, la réalisatrice étreint son sujet et ses acteurs dans un écrin bourgeonnant et feutré comme rarement on a pu le voir. Cette rayonnante exploration doit beaucoup à la fraîcheur folle de tous ces jeunes interprètes. Les jeunes Zoé Heran et Malonn Lévana sont deux des plus beaux brins de soleil dans ce printemps qui semble pourtant s'être déjà mué en été.
Tomboy confirme le talent de sa réalisatrice qui n'a rien perdu de sa fine écriture. On est à la fois rassuré et subjugué. On est surtout ému par la grandeur et du questionnement et du traitement, qui abouti sans violence mais avec la plus grande délicatesse, à ce que chacun puisse s'interroger sur le carcan du genre. Un délice loin de toute gravité et de toute morosité, drôle et splendidement filmé.