jeudi 15 juillet 2010

Les yeux de la tête - Nerf

Si on vous parle d'un trio basse/batterie/saxophone, qu'est ce qui vous vient le plus immédiatement a l'esprit? Painkiller. Avec leur nom typé Ska/chanson française, leur artwork qui rappelle un peu les hurlements de léo et la promo qui atteste "entre jazz et rock" ils étaient mal barrés. Pourtant c'est plutôt du côté du supergroupe Mick Harris, Bill Laswell, John Zorn qu'il faudra chercher pour une affiliation brute et débile. Les yeux de la tête voulaient à la base faire des reprises de Zappa. C'est tout à leur honneur. Mais Nerf rassure immediatement. Nerf est une syncope, les doigts dans la prise. Epileptique et chaloupée, leur musique ne laisse pas vraiment de temps mort et nous embarque dans une nausée musicale complétement maitrisée. Là où la batterie tappe fort, dans une production albiniesque des maisons, la basse arrange à elle seule les phrases mélodiques cycliques et redondants. Ca groove et ça swingue, pendant que le saxophone construit à lui seul les ambiances filmesques qu'il détruit aussitot. Il sautille et s'éteint dans des soubresauts électriques. Feutré comme déjanté, l'instrument se permet de visiter bien plus de contrées que celui de Zorn. J'espère ne pas être le seul à penser que dans Painkiller, c'est d'ailleurs cet instrument là qui pêche le plus de par sa redondance, Zorn ayant pour habitude d'incessants couinements qui peuvent irriter à la longue. Ici il est à la fois un accompagnement, un catalyseur de violence, un souffleur de calme et un moteur de lyrisme bienvenu. Des morceaux à la durée courte, qui n'aboutissent au final sur rien. Ce n'est pas la destination qui compte, mais le voyage pour y arriver, et c'est là ou excellent les yeux de la tête, dans cette façon de jouer avec nos nerfs, et de nous perdre dans des compositions aussi efficaces qu'elles peuvent paraitre sans queue ni tête. Redoutable album qui permet de jeter un pavé dans la mare de cette scène noise rock mathy qui commence à largement tourner en rond (pneu et ses comparses). (Head Records, Rude Awakening)

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