vendredi 10 octobre 2008

COMPANY FLOW/ CANNIBAL OX- Split





L'act de naissance d'une des formations les plus importantes du hip hop coïncide sur disque avec la mort d'une formation tout aussi culte. Company flow et Cannibal Ox,les deux créatures instrumentales d'El-P se croisent, se passent le relai sur ce magnifique double 12". Bon, écartons tout de suite le truc qui fache, un peu trop classique dans le hip hop: le disque est gavé de morceaux, mais il n'y'en a réelement que 5 en tout et pour tout, puisque le disque est complété des "dirty" et "clean" versions de chaque morceaux (ou presque) et les instrumentales ( plus interessants). Company Flow jette de sa tombe ses derniers morceaux, ce qui lui restait à dire avant de crever. Après un album KVLT et indispensable, funcrusher +, le trio s'était séparé à l'amiable de son genie de MC, Bigg Jus pour ne laisser en piste que le duo composé alors de Mr LEN aux platines, et d'El Producto aux machines et à la voix. Les restes de Co Flow abbattaient alors l'album qu'on attendait pas, l'extraordinaire Little johnny from the hospitul qui présentait la bande son de l'évasion d'une poupée au visage recouvert et aux intentions peu scurpuleuses. Le hip hop maladif de Co Flow prenait une toute autre dimension (pas meilleur ni moins bonne que celle du mythique funcrusher, juste complémentaire) en dévoilant le travail magistrale d'El-P à la production. Les 3 derniers titres du groupe présentés ici sont dans l'exact continuité du travail précédemment abbatu. La musique est rigide, agressive, peu conventionnelle. Les productions du roux sont caractérisées par une approche lo-fi du studio, quasi minimaliste. Mais jamais sa production ne sonne petite, bien au contraire. Tout semble otpimisé, gros, lourd, gras. Les beats sont massifs, se mélangent sur d'épaisses nappes de claviers vintages obsédants. On peut y voir aussi l'influence progressive sur le bonhomme, lui qui collaborera par la suite avec les mecs de Mars Volta, Techno Animal ou Nine Inch nails. L'aspect rock s'impose dans le son, dans les cassures, dans les structures mouvantes et labyrinthiques. L'ambiance se veut inédite. Paranoïaque, la bande son d'un livre d'anticipation. Par dessus, la voix et les scratchs se mélent tranquilement, sans singularité, mais se marrient au travail sonore pour une alchimie unique et identifiable. El-P rap rapidement et Mr LEN pose des scratchs avec une certaine dexterité. Co Flow meurt dans la tourmente de la musique qu'il a dessiné pendant les quelques années de sa carrière, un peu moins de 10 ans, en renouvellant considérablement le hip hop. L'autre rondelle, toujours signé EL-P pour la production propose le réveil de la plus grande surprise Hip hop du début du siècle. Innatendu, le duo new yorkais qui pose sa voix sur les deux morceaux magnifiques écrit l'histoire du hip hop en gravant sur sillon parmis les morceaux les plus remarquable de sa très expeditive discographie. Moins cassée que Co Flow, la musique de Can Ox est pétrie d'une sorte de nostlagie futuristes. Les claviers analogiques se posent grassement mais avec délicatesse sur les rythmes judicieusement composés par Mr Def Jux. Encore une fois, son amour pour le rock prend ici toute son ampleur sur le magnifique iron galaxy, tout en progression lente et mélodieuse. Vast Air et Vordul Megilah pose de leur flow particulier (surtout Vast, avec sa voix étrange, comme un hélium léger, surnaturel) des paroles réfléchis et alors perçues comme bien en avance sur leurs contemporains. Pourtant, même si les morceaux sont excellents, il ne peuvent pas laisser deviner que le seul album qui suivra sera une pépite, sans la moindre faute. Co flow meurt, laissant le champ libre à Can Ox. Les splits de cette trempe sont bien trop rares...

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