Troisième jour de cette trilogie qui finit bien. La dernière fois que j'ai mis les pieds au zenith, c'était pour me moquer de NIN, chose qui encore aujourd'hui me ferait rire si seulement je gardais le moindre souvenir clair de cette soirée, ce qui n'est presque pas le cas. La seule chose que je garde préciseusement en mémoire, mais pas seulement à l'issu de la blague de Reznor c'est que le zenith, et ce depuis 2006, dispose désormais d'un très bon système sonore. Entre Tool à l'été 2006 et le même groupe quelques mois plus tard dans la même salle, le fossé était considérable. Pour cause, il semble bien que la salle ait refait (elle-même avec ses petits bras?) sa sono. Depuis, chaque concert a été rigoureusement soutenu d'un son bon, voir très bon malgré la taille de la salle. Tool donc, mais aussi Beastie boys (2007), Portishead (2008), Prodigy (2009), NIN (idem) et Massive attack donc, disposaient d'un son limpide et fort agréable.
Bon, arrêtons là le constat et parlons un peu de Martina Topley Bird: la compagne que Tricky n'aurait jamais du laisser filer ouvre aujourd'hui pour Massive. Contrairement à mon collègue d'espagne, je ne trouve pas son set chiant, loin de là. Martina propose une sorte de cabaret électronique bien mené et fort agréable. Pour le coup, la voici accompagnée d'un ninja-troubadour-homme-à-tout-faire qui assure batterie, guitares, percussions, cascades, cajon, cymbales dépliée (??) et bruits-de-la-nature-recré-avec-des-objets-insolites. De son coté, de rouge vêtue, MTB assure piano, loopstation et guitare sur un dernier morceau en un seul riff au final. En français, elle nous explique surtout, en plein milieu de son set, que la semaine dernière est ressorti le "premier album auquel j'ai collaboré": bonheur absolu pour mes petites oreilles, et c'est pas faute d'avoir vu Tricky plusieurs fois, je vois enfin l'improbable à savoir Martina chanté "Overcome" (qui fera doublon avec "karma coma" qui sera plié quelques heures plus tard).
Massive Attack sur scène est désormais une puissante machine de guerre: de longues barres à LED en fond, une batterie éléctronique non assuré par le batteur classique de Massive, Andrew Small, mais par un jeune remplaçant nommé Julien Brown, une autre accoustique depuis 2006 tenu par Damon Reece, ex Echo and the bunnymen et ex Spiritualized. Un set de claviers tenu par John Baggott (portishead) cette fois, et une table pour les deux architectes du groupes. Enfin, les emplacements pour Winston Blissett (Basse) et Angelo Bruschini en plus des emplacements (micros & claviers) pour Robert Del Nadja, Grant Marshall, Horace Andy, re-Martina Topley Bird et une autre chanteuse qui n'est pas Nelson (ce qui est improbable vu qu'elle hait Massive, et qui fait donc ressortir Badu de ma platine, cqfd.) compose l'imposant plateau. Small et Baggott montent en premier et lance une séquence électronique d'une lourdeur étouffante, comme un Autechre sous drogue. Le beat est accompagné de sons défragmentés, entêtant, pendant que Baggott soutient derrière avec d'épaisses nappes: le début de concert n'a rien à voir avec le très fatigué false flags qui ouvrait il y'a 3 ans. Ici, dès les premières secondes, l'ambiance est plus apre, guerrière. Le début du set est orienté vers les morceaux de l'album à venir. D'après les set lists qui trainent sur le net, "bulletproof love" ou "babel" sont des titres des nouveaux morceaux éxécuté ce soir (et les autres). Le tempo semble s'être acceléré chez Massive sur ces nouveaux morceaux. Plus ramassé, plus tendu, la musique du groupe semble puisé vers le post punk et la new wave encore plus qu'au temps de Mezzanine. Un morceau me rappel aussi étonnament "Reflection", face B d'Inertia Creeps. On aurait presque pu rêver d'un superpredators qui n'aurait pas fait tache.
Au bout d'une poignée de nouveauté, MA se remet son public dans la poche en entamant Risingson, à mon sens un des meilleurs morceaux du groupe. Le son est maitrisé, puissant. Les tremolo de la guitare sont de magnifiques éclats au milieu du jeu complexe qui oppose les deux batteries et les différentes strates de sons. Grant Marshall pose sa voix grave en contraste complet avec celle, qui semble rajeunir, de son accolyte Del Nadja. Plus loin Futurproof a des allures de chaos indus, avec un final ultra noise. Derrière le spectacle musicale, les barres lumineuses alternent lumières, vidéos (assuré par un artiste français, exceptionnellement), donné chiffrés, actualités du jour ("Sarko roi du pipeau" et la salle s'enflamme: je savais bien qu'à 45€ la place de concert, j'allais être entouré de prolos). Devant, quand 3D ne semble pas être un jeune évadé de son asile, le groupe (c'est à dire le duo) s'ecclipse totalement laissant place aux éxécutants et invités le soin de faire vivre Massive Attack, comme sur Angel ou teardrop-par exemple.
Teardrop justement est encore retouché. La version présenté est moins pute que la version horriblement mielleuse joué en 2006. Sans Fraser mais avec Martina, le morceau semble être dépouillé, demeure seulement un squelette de dub minimal où la chanteuse assure de sa terrible voix les lignes chantés 10 ans plus tôt par la représentante des Cocteau Twins. Il est très curieux de voir Martina évolué au sein de Massive: la légende veut que lorsque Tricky ait rencontré la jeune femme (alors agé de 15 ans) il l'enregistre et fait écouter le résultat à Massive qui se montre complètement ininteressés. Tous ce beaux monde semble être revenu du Knowle West Boy (pourtant dans les loges d'après certains, sur le point de chanter avec ses ex-compagnons le lendemain d'après certaines rumeurs) ce soir. Puis Mezzanine, le morceau inquiétant qui donnait son nom à l'album de 98 est tout comme Risingson déclamé dans une matrise et une puissance dont la salle se délecte. Safe from harm est totalement méconnaissable avec sa fin où tout le monde s'en donne à coeur joie autour de Julien Brown qui semble seul chef d'orchestre sur cette version épique, alors que Inertia Creeps, justement, termine en beauté la première salve. Après cela, le groupe a joué un peu convaincant unfinished sympathy, pompeux et pas trop à sa place (sans parler des effets de voix et autres déhanchés embarassants), qui suivait un tout frais "splitting the atom", morceau étrange (et plutôt réussi à mon sens) qui rappel les Specials de GhostTown. Enfin, Marakesh, se termine avant de laisser place à un remaniement bancale de Karmacoma en second rappel. Presque deux heures de concert. En sortant, on resonge à ce que l'on vient de voir, et l'on observe les réactions. Entre ceux qui se demandent qui est "la fille en rouge qui chantait", et ceux qui soulignaient que "les chanteurs jouaient pour les musiciens et pas pour le public en tournant le dos", on constate surtout l'énorme tour de force du groupe: arrivé a être "grand public" sans jamais faire de compromis. Le chaos totalement bruyant qui s'est abbatu ce soir nous conforte-même dans l'idée que le prochain groupe à être aussi exigeant et qui pourra rameuter autant de monde à ses concert n'est pas encore formé.