Ici le rythme tel qu'il est généralement connu est totalement banni, et n'apparait qu'en lambeau, malmené via quelques samples tentant de s'incruster dans le bain ambiant. Règne en maître la distortion, le seul élément identifiable et permanent, prenant l'auditeur et le plongeant dans une cuve de ses plus belles et soignées émanations. Grasses ou subtiles, graves ou cristallines, elles sont déclinées sous plusieurs formes et se rencontrent en produisant un signal résiduel omniprésent et cannibale. Porter semble pointer du doigt une musique électronique qui se régénère dans sa propre origine, celle de la musique industrielle. Une illustration sonique de l'ouroboros, qui après avoir tenté l'extirpation via le battement ne peut se résoudre qu'à retourner à sa nature: celle de l'exploration de l'oscillateur, de ses déclinaisons et de la recherche constante du son. Viennent alors se mêler à la transe arythmique les voix, les violons, les claviers et percussions traditionnelles, délivrées au compte-goutte, ricochant dans la cuve. Quelques nappes analogiques (ou virtuelles) s'emparent du premier plan pour lui donner brillance comme quelques passages quasi Vangelis-ien, mais l'ensemble reste cet étouffement noise de basses massives et fuzz crépitant.
Au milieu des Machinefabriek et autre Ben Frost, hébergé chez Emptyset, Porter s'en sort avec les honneurs, surfant sur le courant très en vogue et plutôt intéressant -pour le moment- de la distortion soignée et mélodieuse (?); "post-industrielle" néanmoins courtoise et qui derrière quelques agressions reste loin de la méchanceté et probablement de la pérennité des ancêtres.
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