mardi 6 décembre 2011

TOM WAITS- Bad As ME

Waits ne se fait plus si rare, se fait moins désirer et ne mets que 4 ans à donner vie à ce Bad As Me (si l'on considère "Orphans..." comme un véritable album), et deux ans seulement depuis le live au son âpre que nous avions mentionné lors d'une réunion. Bad As Me, titre qui pourrait tout dire mais qui ne le fait pas, parce que "Bad" n'est valable dans aucun sens du terme. On a connu Waits plus effrayant, plus noir, plus vicieux, et on a connu des albums bien pires (sans parler, de fait, de sa discographie).

La famille Waits se fait fidèle lorsque le maître passe en studio: Brennan soutient encore son étrange mari dans ses délires, alors que le fiston se pose derrière la batterie de manière plus importante que jadis puisqu'il frappe sur une bonne partie des titres. Ribot est un fidèle, un habitué tout comme Claypool, toujours présent lorsqu'il peut passer quelques notes de sa 4 cordes mutante au patron du cabaret. Pour la photo, on notera également la présence de Flea, qui prouve encore que les mecs des Red Hot ne sont jamais aussi bons que losqu'ils s'évadent de leur machine à remplir du stade, et également celle plus surprenante et pourtant plus légitime de Keith Richards. On en oublie beaucoup d'autres.

Bad As ME ne porte donc pas vraiment bien son titre. Le cinglé effrayant du blues déglingué ne sort pas ses visages les plus terrifiants, laissant ça au premier tiers d'Orphans ou de Real Gone. Il n'est pourtant pas dans le registre d'un bluesman sobre: la voix mutante continue de se transformer d'une pièce l'autre, et c'est le grain qui assure le fil rouge de l'album; mais sans habitudes, l'auditeur pourrait s'y perdre: Waits est multiple... en plus d'être ravagé. L'instrument vocale de Waits est si complexe et fascinant qu'il pourrait écrire des paroles totalement déplorables qu'on s'en contenterait. Mais en plus d'insulter les cordes vocales de dizaines de troubadours en lichen, il les humilie en s'imposant encore comme un brillant parolier.

Et puis Waits à la classe mais aussi les façons des bruts. Il vous attrape violemment par le bras et vous force à le suivre dans ses déboires de poètes aux carnets sales et aux notes éparses, amenant cohérence dans la folie, la diversité dans sa vision musicale. Blues bâtard ici, folk triste par là, rock poisseux plus loin. Un traversée plurielle du bilan MMXI, entre incantation au rythmiques de bidons rouillés, guitares aux cordes saignantes, orgues enroués et confession plus intime sans importuner les artisans vicieux exécutant les délires et requêtes du taulier. Fanfare macabre et fin de spectacle, ambiance alcoolique pour l'amour de la bonne goutte plutôt que l'opulence du baril. A l'image de sa discographie.

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