
Le travail de Fincher semblait donc grevé d'avance. Que faire de neuf, si peu de temps après la sortie du premier film? Que faire de personnel? Difficile en effet de trouver un nouvel angle d'attaque sur une histoire si monolithique, avec des contraintes d'adaptation visiblement bien rigides (aux vues des invariances entre les deux versions). Trouver une nouvelle Lisbeth Salander? Difficile... Pourtant la jeune Rooney Mara s'y prête avec aisance. Il faut dire que son rôle est bien moins ténébreux, bien moins sale et plus fragile que celui planté par Noomi Rapace. C'est assez étrange d'ailleurs de la part de Fincher d'avoir rendu ce personnage moins glacial et habité d'une plus grande fragilité. C'est, en fait, un prétexte : ce qui l'intéresse visiblement c'est l'ouverture au monde de cet être contrarié par la vie. Ce qu'il veut c'est montrer que cette ouverture aussi est contrariée et qu'il lui faudra s'accrocher, car le monde est plus dur que la carapace qu'elle tente d'ouvrir.
En réalité, là où Fincher réussit réellement à produire quelque chose de grandiose et de réellement original, c'est dans son générique d'ouverture. En voilà une belle réussite ! Une variation sur la couleur noir, sur l'élasticité des corps et des substances, un magnifique exercice de style qui voit couler une terrible substance saumâtre qui s'épanche sur le monde, sur la terre, les objets, enrobe des individus... Bref, un mal qui se répand partout et qui fige, de manière infernale, les hurlements vains des protagonistes mystères. Le tout sur une variation (encore) musicale (cette fois) de Trent Reznor (à qui Fincher réserve quelques clins d'oeil, notamment un gros geek qui porte un T-shirt NIN) et Atticus Ross dont le réalisateur américain semble désormais incapable de se séparer.
Cette création musicale est d'ailleurs un des atouts maîtres du film, lui conférant une ambiance électrisante, perturbante. Malheureusement, tout est si soigné, tout est si millimétré, si propre qu'on finit par se désintéresser progressivement d'une intrigue dont on connaît déjà, par ailleurs, tous les tenants et les aboutissants. Fincher échoue donc à faire de Millenium une oeuvre réellement personnelle, restant à la surface d'une adaptation soignée, efficace, mais qui, au sortir de la salle, laisse très profondément indifférent.
1 commentaire:
Salut BTN, intéressant cet article sur Millenium car j'ai vu celui de Fincher, donc le version édulcoré?? enfin la version Américaine quoi et jsuis bien ok with you ça laisse un peu indifférent, je me permet de te nuancer car je n'ai pas vu l'original de Oplev (Danois) mais je trouvais que l'intrigue était très bonne (commme si on lisait un book) mais à la sauce ricaine et donc bof!!
En fait ça à quand même le mérite de me donner l'envie de mater le film original (celui du Danois) et même de lire la trilogie(ça me changerais de psychopate, des freaks brothers et de Gai-luron (sisi!!))Du Suédois Stieg Larsson.
read you soon!! tchusss
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