mercredi 4 juillet 2012

KILLER MIKE- R.A.P. music

Oui mais non. Killer Mike est un ancien de la galaxie Outkast, c'est à dire un type d' Atlanta, jusque là assez discret voir anecdotique malgré, visiblement, des prises de bec avec son ancien posse. De là, le type se dégote le meilleur pote possible et imaginable: Jaime Meline, AKA El-P, le valeureux producteur/rappeur/vitrine New Yorkais qu'on a connu bien plus inspiré. Coup sur coup, Jaime assure l'intégralité de la production de ce nouvel album et signe son nouveau LP- Cancer 4 Cure. On avait de quoi s'enthousiasmer: le dernier album dont Meline s'est occupé intégralement (et sur lequel il ne rappe pas, nuance importante) s'appelle The Cold Vein, un des albums les plus importants et réussis du hip hop indépendant, signé Cannibal Ox (on a simplement causé du split avec Co Flow dans ces pages) il y a ... 11 ans, déjà. Manque de chance, Meline ne retrouve pas la superbe de son mythique essai de 2001, et n'a pas su non plus refourguer à Killer Mike la folie, la densité, la créativité des beats qu'il se concocte pour lui en solo. Une douzaine de titres produit sans trop de conviction ni de génie. Efficace, au demeurant, le disque figure en bonne position dans les prévisions type "meilleur disque hip hop de l'année". Mais en fait il n'y a pas grand chose de remarquable ici qui ne soit présent ailleurs et en mieux. Tout sonne laptop, propre, parfois un peu gros- l'artisanat de Cold Vein semble avoir complètement disparu au profit d'une prod bien grasse mais à qui il manque un peu de substance organique, si ce n'est d'âme. Vu que Mike a une voix passe partout et un flow ni excellent ni minable, on remarque à peine ce qu'on entend. Mais c'est vraiment la production, peut-être sur-estimé en amont, qui déçoit. El-P produit comme un Rick Rubin des années 80, avec le génie et la fraicheur en moins. Tous les beats sont électronique, un peu plastique, sans vie, sans groove. Des simulations de 808, 909 et consorts, pas de samples génialement dégotés, pas de coups de génie côté claviers. Au milieu de quelques beats compacteur de cortex, on décèle des tentatives de morceaux plus mélancolique, mais un peu foireux, comme le triste Willie Buck Sherwood qui se chante sans conviction, ou Ghetto Gospel, mélodieux sans y croire. On retiendra tout de même le clip promo, hommage à Drive un peu mongolo et peut-être intentionnellement choquant pour les moins de 8 ans.

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