
Doom a beau rester un escroc de premier ordre- cette année il a encore envoyé un mec faire un dj set à sa place, encaissant le chêque, grassement gonflé visiblement par des exigences hallucinantes-il reste le MC qui fascine et qu'on s'arrache. Sa voix, dézingué au gravillon de weed qui atteignent sa gorge régulièrement continue de hanter les prods sur lesquelles il pose avec son flow cotonneux, ses intonnations qui empestent la fatigue. Sans surprendre, Dumile fait dans la performance honnête, un peu feignasse, un peu sérieuse, et humanise le son Jarel plus qu'il n'incarne l'album. C'est surtout ce dernier qui étonne. Jamais convaincu par ses solos (chiant), j'avais bien croché sur le Shape sans être totalement conquis pour autant. Saturé par la clique Brainfeeder, JJ s'éloigne de ce hip hop brillant et riche enrobé de nappes psychédéliques (demeurant tout de même ici et là, comme sur l'instru venant se placer en fin d'album). Il laisse l'exercice à d'autres, se concentrant sur un beatmaking plus franc dans ses intentions mais tout aussi riche en samples brumeux, en construction de couches sur couches. Jarel brasse ainsi large, en allant aussi bien piocher dans un dirty south spatiale ("Wash your hand") que dans un lovers rock génialement inattendu ("bout the shoes"). Basses poisseuses et beats corsés menent le duo, qui se permet même de faire venir la chouineuse de Portishead pour en faire un fantôme geignard qui ne fatigue pas -exploit. Sans être un album totalement inoubliable (laissons lui le temps), JJ DOOM est une collaboration sincère et efficace, qui tend à prouver que Doom reste d'une certaine pertinence artistique lorsqu'il se décroche de son sampler.
1 commentaire:
Arf, ce qu'il est dur à suivre Dumile, j'avais pas vu cette sortie.
Merci du mémo.
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