vendredi 24 janvier 2014

ERIK BRUNETTI - FUCT

Les livres ici sont plutôt rares, pas de gros lecteurs parmi nous. Alors quand on décide d'en mettre un en avant, généralement, c'est qu'il est plein d'images dedans et que la portion de texte y est assez mince. Et encore plus étrange cette fois, c'est un livre dédié à une marque de... vêtements. Rizzoli (aucun lien) publie donc ce pavé qui retrace l'histoire de Fuct, la marque pensée et créée par Erik Brunetti. Le plus étonnant, c'est que ce soit Rizzoli qui s'y soit collé alors que cette maison avait déjà dédié un livre à Bathing Ape, que Brunetti a tendance à mépriser. Mais bref, c'est Fuct qui nous intéresse ici. Le bouquin fait suite à une expo retraçant les deux décades traversées par la marque et en reprend les grandes lignes. C'est une profusion de visuels originaux reproduits, de photos de campagnes de pubs, de moments de la marque, de soirées arrosées, de logos détournés et d'icônes remaniées. Du premier logo de la marque, ayant détourné celui de Ford au plus récentes campagnes concocté dans des réserves indiennes, en passant par un petit tour chez Larry Clark, grand fanatique de la marque, les grands moments de Fuct y sont largement représentés. Sur ces vingt ans, c'est l'évolution d'une marque issu du graffiti et de la contre-culture telle qu'elle était envisagée au début des années 90 qui se transforme de plus en plus en une marque revenant sur les "basics" privilégiant des visuels toujours fort et des slogans s'imprégnant de l'histoire américaine ("Same Shit, Different Day", associé au monde militaire). Historiquement, Fuct n'est la première marque de "streetwear", ceci étant accordé à Stüssy; mais elle fut la première à remanier les logos d'autres marques et à jouer avec les codes et les images-aujourd'hui extrêmement répandu. Avec X-Large (que Brunetti considère comme l'autre grande influence de BAPE, justement-et à juste titre),  Fuct a façonné la façon dont les fringues portées par les skaters, les graffeurs, les punks sont devenus les vêtements de monsieur tout le monde, passant d'une niche au "streetwear" aujourd'hui omniprésent. A ce titre, l'introduction du livre se compose de 3 essais, dont un par Aaron Rose (beautiful losers), qui explique et recarde au plus juste l'impact et l'importance de la marque. L'édition est magnifique et propose un point d'entrée idéale dans une marque peu connu chez nous, pourtant crucial et qui, malgré un passage à vide, continue de proposer des collections toujours pertinentes mais de plus en plus subtiles.

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