... Dans la douleur la légende naît. Disparu pendant 4 ans, Dumile ressurgit dans une soirée, masqué, et se fait connaitre sous le nom de MF DOOM. Caché par timidité plus que par gimmick commercial, le flow de Dumile s'est calmé, moins tendu que par le passé, mais incroyablement serein, pétrie d'une émotion quasi palpable. Sa voix semble désormais coulée, glissée, dégoulinée des beats, mais avec un contrôle totale, une maitrise bluffante. Il semble partir au loin, se perd et ne reprend que brièvement sa respiration entre deux phrases extrêmements riches. Trop de choses à dire en trop peu de temps. Si le travail vocale est remarquable, doom montre aussi qu'en plus d'avoir des choses à dire, il est un producteur hors-pair. Il prend ainsi ses samples dans les disques les plus innapropriés, dans des musiques les plus incongrues-et fera largement école. Génériques de séries télés, pubs, ou vieux disque mauvais-goût de soul douteuse fait par des mecs en costard pastel. L'horreur absolue. Dumile semble célébré un mauvais gout typique années 80 dans un maëlstrom rythmique unique. Loin, très loin de ce qu'on aurait pu attendre d'un mec qui vient prendre sa revanche. L'alchimie prend immédiatement. Doom en refusant l'évidence, s'impose de suite comme un outsider inégalable. Son verbe est aiguisé et sure, ne semble jamais hésité même lorsque le rythme semble s'emballé plus que de raison. La mixture Doom, bien que proche de celle de KMD est évidemment plus noire, plus habitée, plus revancharde que l'entité précédente. Metal face est physiquement atteint et moralement touché. Son disque se veut une alternative hip hop à la rengaine "tout a déja été fait". Il pense l'impensable, il envisage ce que bien d'autres n'auraient jamais pu concevoir même sous psychotropes puissants. On notera par exemple l'incroyable "tick,tick" avec son pote Grimm qui change de BPM...à chaque mesure! La carte amateurisme est aussi abbatue l'air de rien dès le premier morceau, puissant et émouvant, ou Doom, donnant un aire sûre de lui à son disque avec cette mélodie prenante le gave de scratchs maladroits et obsessionnels. La production du disque est également remarquable. Dumile semble travailler avec un matériel rudimentaire, et son album sonne très amateur, on sent presque qu'il tient son micro sur les prises, à la facon du personnage de la pochette. L'album prend une tournure hip hop fait comme un punk, dans une cave a 5 heures du mat... en une prise. Saleté de talent latent. C'est l'amour d'un passioné qui parle sur la totalité des morceaux de ce premier LP. Extrêmement mal dsitribué en europe, le disque sort quasi-marginalement, et devient très rapidement un objet de culte, tant le talent de doom est évident. Se revandant a prix d'Or, comme pour KMD, c'est sur son propre label que Dumile répart le trouble. Classique absolu!
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