vendredi 31 octobre 2008

OL' DIRTY BASTARD- Return to the 36 Chambers: The Dirty Version


Il y'aurait des milliers de façons de commencer une chronique sur Ol' Dirty bastard, un des rappeurs les plus fascinants de sa génération. Et avant un décès tout aussi fumeux que sa vie le fut en général, le vieux salaud dégueulasse (surnom qui lui allait si bien au vu de sa trogne ravagée à la fin de sa vie) en plus d'accumuler les histoires hypothétiques ou avérées farfelues (ma préférée est quand même celle qui voudrait qu'il se soit lui même rendu en cure de désintox alors qu'il était recherché par la police, ou de son apparition TV dans les mêmes circonstances -je n'affirme rien) il est aussi et surtout l'actionnaire majoritaire d'un des tout meilleurs chapitres de l'histoire du Wu. Rien que la pochette en fait un classique absolu, iconographie efficace et pourtant éloigné des sabres et de la mythologie wu tang. RZA produit l'album de son cousin, une des premières escapade solo du wu (avec GZA et Methodman sur, respectivement, tical et liquid swords). Mais c'est aussi, peut être, un des album les plus fous que le hip hop qui se vend par camions a réussi à imposer. Le travail de RZA est bien sûr extraordinaire. Les samples sont peut être moins ouvertement mystiques, et la production est dans un certain esprit old school, melée à ses aspects vieille soul qui est la marque de fabrique du plus sage du clan. Claviers poussiéreux, beats caverneux, basses sur-prépondérante, sonorités ultra lourdes, mêlées à ses claviers parfois brillants, scintillants au dessus de la masse rythmique. Mais l'homme qui a chercher à se taper Mariah carey par tous les moyens sur le tournage d'un clip de la gonzesse au ralentie, "fantasy", participe largement à l'interet même du disque. Parmis les rumeurs et autres histoires, une d'elles veut que ce bon vieux Russel Jones était tellement perché pendant les sessions d'enregistrements, que lors des prises, son cousin a plusieurs fois quitté le studio, le laissant finir seul ses prises. Va savoir... Toujours est-il que Jones semble complètement habité sur le disque. Il oscille constamment entre rapper et parler, puis parfois chante (faux), gueule, invite tout le monde à niquer joyeusement sans latex, s'essaye aux vocalises en plein milieu d'un morceaux ou reste bloqué monomaniaquement sur un mot ("brooklyn" qu'il peut répéter sans se lasser plusieurs minutes, visiblement). Le disque prend une dimension parallèle, sombre tant il semble à l'abandon, en roue libre. Les instrus tournent toutes seules, ODB ne les porte presque plus, avant de revenir raconter ses histoires salaces l'air de rien, la drogue empestant à travers les enceintes. Au final, le disque est éprouvant, il sent le renfermé, la crasse malgré cet enrobage jazzy, soul que RZA s'est evertué à lui donner. ODB a fait un disque à l'image de sa vie, tragi-comique, glauque et hilarant. Mort deux jours avant son anniversaire, 13 gosses derrières. Et au final, bien plus inquiétant que bien des scandinaves grimés en panda.

1 commentaire:

Siméon a dit…

Exllente chro. Dingue