jeudi 4 septembre 2008

THE LOCUST, maroquinerie.


Qui dit rentrée scolaire, dit rentrée concert. En fait non, c'est juste que les groupes se grattent un peu moins le cul en septembre. Enfin j'en sais rien. Toujours est-il que ce sont ces braves garçons qui se déguisent en sauterelles qui ouvrent l'année. Comme je l'expliquais lors de la chronique de leur dernier EP en date chez ipecac, j'ai longtemps été méfiant de ce groupe, n'y voyant qu'une formation bruyante de plus, jouant la carte du déguisement pour avoir un truc en plus. Que nenni ma bonne dame, les gars vont loin, très loin, sans se prendre trop au sérieux, avec imagerie personnelle et pertinente, et surtout, une façon de composer tout à fait respectable car jamais basé sur la facilité, dont beaucoup devrait s'inspirer. On y revient, forcément car la soirée est rempli de premières parties. Le premier groupe s'appel MAP, pour mort aux pourris je crois. Avec mon pote C on se cale sur le coté, on s'attends à rien. Ca cause français mais ca semble venir d'un pays où on remplace des mots comme "pull" par "chandail". Ils sont tout contents d'être là, et accouchent dans la joie d'un ska rock/punk/troubadour, avec saxo en plus du reste. Un subtil mélange entre une musique datable au carbonne 14 de 1996 et les forbans. Le nom du groupe est à l'image de ce que je décrypte des paroles. C'est beaucoup trop subversif pour moi et mon ventre hurle qu'il à faim. Et il ne faut jamais décevoir son ventre. Jamais. Sentant le coup fourré on ne se presse pas pour revenir à la salle, mangeant avec passion un sandwich goût rat et frites au choléstérole. Je ne sais pas si je finirais trop gras ou trop sourd à force d'aller en concert. Lorsqu'on revient vers la salle on constate quand même qu'il n'y aucun doute possible, ce soir c'est un concert avec de grosses guitares. Les braves gens qui se déplacent ont tout misé sur un somptueux camaïeux de noir. Positif et coloré. Ca doit être le mot d'ordre. Dans la salle pourtant c'est un groupe tout fou la gamelle qui joue, ca s'appel sonic boom six. Une sorte de rock punk hardcore ska reggae enjoué. En plus, cadeau, ils vont exécuter un peu de tous ce qui s'est fait la décénnie passé et qui a marché chez les jeunes. Des morceaux hip hop, un passage drum and bass, des moments plus virils. Au premier plan, une chanteuse, micro short en jean, cheuveux roses, chaussette hautes, qui doit perdre son poids en eau à chaque concert tant sa prestation semble plus avoir avec un cour de step en salle qu'autre chose. Elle sautille, se secoue, imite le boxeur, fait des "yo" avec sa main, cour sur place... c'est poignant. Autour d'elle, les mecs nous font comprendre qu'ils viennent soit du pays des longs shorts soit de rosbiff-land: cheuveux blonds avec coupes improbables, joues grasses, marcel noire et tatouage style week end à chatelet. Manchester nous signale la dame. Ceci dit, même si l'impression d'avoir eu 15 ans à nouveau s'est faite sentir, le groupe a au moins le mérite de se faire plaisir, et c'est bien là tout ce qu'on peut souhaiter à un groupe, même de merde. Il me semble bien que les américains avaient eu un groupe comme ça la décénnie passée, avec une chanteuse aussi qui n'avait pas de doute et qui avait bien vendue...
Warsaw was raw, un palindrome super fun pour le troisième groupe. Y'à 10 ans on aurait appelé ça du hardcore chaotique; maintenant la coutume voudrait plutôt qu'on dise power noise ou un truc dans le genre. En fait c'est un mec à la batterie qui tape fort et qui fait pleins de cassures, un mec à la guitare qui joue genre il est possédé, et une fille qui crie genre tout le monde va dire "elle est folle" juste parce que c'est une fille et que d'habitude c'est plutôt les mecs. C'est donc de la musique guitare, ni plus, ni moins. Mais pour être sure, on va appeler ça du "pouvoir bruit". Show ultra court pour ce groupe qui, parait-il, a perdu son bassiste et une autre chanteuse.
Formation serrée pour une musique qui ne l'est pas moins. J'ai déja à peu près tout décrit ce à quoi ça peut ressembler. Ca joue et c'est bien foutu. J'ai un mal fou à rentrer dedans. Et vu que contrairement à toute la première rangé, c'est pas des potes, j'ai même pas ma mauvaise bonne foi pour dire que c'était mortel. Vu qu'on est de vrais tocards de parisiens, on se fout tout devant pour les sauterelles ce qui induit donc un certain dédain pour les 3 précédents. Les mecs viennent installer leur matos déja déguisé, ce qui est très classe, surtout quand leurs costumes sont de bons goûts (ils ont rajoutés des plaques de faux poils un peu partout , c'est magnifique) et un poil petit. Quand le batteur remet bien sa batterie juste devant nous, on à donc tout le loisirs de s'améliorer en biologie (nos derniers cours sont un peu vieux, c'est jamais mauvais de faire un rappel et ca permet d'être moins con au trivial pursuit) en pouvant constater qu'une sauterelle possède bien une raie, elle aussi. Le glamour n'est pas loin. Les mecs s'installent en ligne, comme Devo qu'ils adorent ( qui n'aime pas Devo aux US ???). Le guitariste, le bassiste, le batteur et enfin le monsieur aux clavier-ils sont aussi tous responsable des voix, excepté la raie de sauterelle. Doivent pas manquer de thunes quand même ces braves gens. Que du beau matos, batterie haut de gamme, basse en plexi, clavier moog, amplis de luxe. La peur au ventre de se faire dépouiller le van aussi. Aucun signe de départ et BIM, c'est parti pour une heure de symphonie en cigalle mineure. Ca joue. Aucun doute la dessus. Puissant, massif et agressif. Warsaw was raw leur serait aller comme un gant tant la batterie blast avec puissance. Guerre feu village (BURN OUT tm)! Mais l'invasion de sauterelle aussi ça colle bien. Pire encore, les moments d'accalmies où les longues plages aux synthés prennent toute leur ampleur.Le son est bien entendu monstrueux et précis. Rarement le groupe ne se donne un point de départ précis, on en devine la grande concentration des 4 mecs. Chaque seconde compte et la durée du show est remarquable. Si le groupe est impressionnant, c'est bien le batteur le clou du spectacle. Il se donne à fond, au bout de 20 minutes, sa cagoule est remplie de sueurs, et il devient difficile pour lui de se moucher (classe) ou de cracher. Il est clairement défait après chaque morceau et profite du peu de temps accordé par l'accordage pour optimiser le temps de repos. Son jeu est précis, rapide, puissant, et dévastateur. Mais il est également inventif. Evitant les longues phrases répétitives, il multiplie les cassures qui plutôt que de rester de simples breaks deviennent à leur tours des phrases musicales, des motifs à part entière. Le voir jouer est phénoménal. Il fait en grande partie la force de l'orchestration du groupe, faisant avec le clavier une paire tout à fait remarquable et jouissive. Ce groupe est clairement rock, mais le duo batterie/ claviers prend les devants et semblent guider, piloter la musique. Pas d'autre possibilité de constater que the locust est un groupe immense, intelligent. Trop rare.

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