jeudi 15 avril 2010

Interview Chez Kito Kat

Chez Kito kat a occupé quelques articles sur nos pages (et c'est pas fini). Vous avez éventuellement cerné en nous lisant une certaine ligne directrice, du moins un certain besoin de la structure de faire tout par eux même, et de participer activement à ce qu'ils aimaient. Musique, art en général, rencontres, événements, c'est un peu tout ça qui fait l'identité de cette jolie structure un tiers française, au catalogue déjà bien attrayant, plein de surprises. Des artistes qui tiennent une structure artistique, des influences avoués, qui sont plus des guides et des motivations pour continuer, aprés m'être rapproché de la structure et en l'occurrence de Samuel Ricciuti (dog bless you...), c'est un projet profondément humain qui apparait, avec ses joies, ses déceptions, et surtout son acharnement à se consacrer à une passion. En plus de faire de jolis objets, de se la donner pour réaliser les projets qui leur tiennent à coeur, ils répondent içi à quelques questions pour beyond the noize.

Tout d'abord bonjour à toi, et merci de nous accorder ce temps. Pourquoi Chez Kito Kat? Je pose cette question car je suis grandement allergique aux chats, font ils partie de votre vie?

En fait c'est assez simple, la raison du Chez.Kito.Kat. Au départ lorsque nous avons créé l'association (qui est devenue par la suite un label), c'était pour organiser des concerts. En général lorsque nous organisons les concerts, nous aimons héberger les musiciens afin de partager plus de temps et mieux connaitre les personnes qui forment ces groupes que l'on programme.

Un de nos 3 chats s'appelle Kito. Voilà, lorsque les groupes viennent jouer, ils viennent avant tout chez kito le kat.

Chez Kito Kat, qui êtes vous? Quelles sont vos objectifs et votre mission? Une éthique particulière?

Nous sommes en fait une structure à plusieurs facettes. Nous sommes trois à gérer les « affaires courantes » de la structure, Christophe, Salima et moi. Nous nous partageons les rôles en fonction de notre disponibilité et de notre temps libre.

Nous sommes avant tout un label indépendant. C'était le but inavoué au départ de la création de cette structure. Nous avons commencé par organiser des concerts à Metz. Et puis lorsqu'on a réussi à réunir assez de personne motivées, nous avons sorti la première compilation Kito Sounds qui regroupait certains groupes que l'on avait fait jouer ainsi que nos productions.

Nous avons aussi un certain nombre de personnes qui gravitent autour de nous et qui participent à nos projets. Nous avons des graphistes, des vidéastes, des plasticiens et des musiciens qui donnent généreusement de leur temps pour mener à bien les projets de Kito Kat. C'est aussi grâce au talent et la motivation de toutes ces personnes que Chez.Kito.Kat s'enrichit de belles expériences.

On voit à travers les compilations kito sounds la ligne directrice de la structure (sur le point de vue musical, et aussi visuel). Qu'en est il vraiment? Jusqu'où va la diversité?

Les deux Kito Sounds ont été créé visuellement par Maud Vageon, plasticienne et par Denis Braun, graphiste. Le but était de leur laisser carte blanche pour concevoir un objet reproductible à la main. Chez.Kito.Kat n'a pas de ligne directrice à proprement parler. Nous aimons les objets uniques, nous aimons l'originalité des confections artisanales. Les artistes présents sur ces compilations sont avant tout des personnes qui partagent ce goût pour l'indépendance. Ce sont des personnes passionnées. Au niveau des genres musicaux, c'est sure que nous affectionnons tout particulièrement la musique électronique ou encore expérimentale. Ce sont nos origines musicales. Mais nous avons une écoute éclectique qui se retrouve dans le choix de nos artistes. Aucune limite de genre.

Avez vous des limites géographiques pour le choix de vos artistes? Vous êtes installés sur trois endroits, pourquoi?

Nous n'avons aucune limite géographique dans le choix de nos artistes. Nous y allons en fonction des affinités et de la motivation de chacun.

Les trois endroits où nous sommes « installés » sont des endroits qui jalonnent notre parcours. Metz et la Lorraine car nous y sommes originaires. Le Luxembourg car nous sommes frontaliers et nous y passons autant de temps qu'à Metz. Et enfin le Québec car je ne cesse d'y faire des aller-retour depuis mon enfance, car nous avons vécu là bas avec Salima et c'est un endroit où la musique y est omniprésente et la création artistique y est propice.

Quels seraient les structures françaises que vous respectez? Et non françaises?

Il y a énormément de structures que l'on respecte. Beaucoup d'entre elles sont des modèles. La liste est longue. Je vais être assez bref. Si je ne devais en citer qu'une en France, C'est 213 Records. Un label messin qui a une ligne musicale complètement différente de la notre mais en qui je me retrouve dans la conception et la diffusion des productions. Des personnes modestes qui vivent uniquement pour leur musique et qui n'ont pas besoin de faire des concours ou tremplins pour prouver que leur musique est qualitative.

D'autres structures étrangères me viennent à l'esprit. Les amis luxembourgeois de Schnurstrax records. Les labels electro Morr, Mush records, Plug Research, City Centre office. Les grands Classique Warp, Ninja Tune ou Mutek. Et puis un certain nombre de structures québécoises qui ont cette vision indépendante et autonome de leur distribution et de leur production : Constellation, Thisquietarmy, Where are my Records...

Vos journées elles sont faites de quoi? Quel temps est consacré à Chez Kito Kat?

Salima est professeur d'histoire dans un collège. Christophe est lui formateur dans un centre de réinsertion pour jeune en difficulté. Tous les deux consacrent 99,9% de leur temps libre à Chez.Kito.Kat et à leur production musicale et artistique. Moi j'ai un peu plus de temps en ce moment. Après plusieurs années de recherches, j'ai arrêté mon doctorat en sociologie de la musique consacré justement aux microstructures dans la musique. Je fait des petits jobs alimentaires par ci par là. Sinon tout le reste du temps est consacré à Kito. La structure ne permet pas de dégager de quoi créer un salaire, et ce n'est pas le but non plus. Donc on travaille tous les trois à coté.

J'ai cru comprendre qu'au delà de la musique c'était un collectif artistique, avec l'organisation d'événements, peux tu m'en dire plus? Ce qui m'amène aux objets en soi, soignés, numérotés, il en sera toujours ainsi?

Cela nous arrive de réunir les artistes qui gravitent autour de nous sur des projets artistiques pluridisciplinaires et peut être un peu plus institutionnels. C'est ce qu'on a fait à la dernière nuit blanche messine où nous avons présenté une projection vidéo accompagnée d'un concert. Nous avons pu investir aussi pendant un mois le musée d'art Moderne du Grand Duc Jean du Luxembourg (MUDAM) où nous avons présenté des vidéos, des concerts , des mix. Christophe et moi avons eu à plusieurs reprises l'occasion de créer des bandes sonores pour installations plastiques ou pour chorégraphie de danse. On aime le mélange des genres, la richesse que peux amener la diversité et la confrontation des diverses représentations artistiques.

Pour les objets, c'est un peu cet état d 'esprit de mélange des genres qui revient. Toutes les pochettes sont cousues par Salima, elle fait aussi les photos des inserts. Les visu ont tous été créé par des graphistes différents. On essaie de garder cette logique. Peut être pas pour toute les productions. Par exemple, le prochain packaging du EP de Twin Pricks est lui fabriqué en usine. C'est une demande du groupe qui voulait un objet plus conventionnel qui correspond peut être plus au genre musical qu'il distille. Mais sur les prochaines sorties prévues (Dog Bless You & Meny Hellkin, E1000, Kito Sounds #3, Mr Bios, Dr Hood) nous allons revenir à cette logique artisanalle de l'objet unique.

Des projets de futur dont tu puisses parler ici? Avec quel artiste aimeriez vous bosser?

Beaucoup de choses sont en préparation en ce moment. Les sorties de disques énumérées plus haut. Nous travaillons aussi avec Christophe sur un split vidéo et création de bande sonore où nous créons la bande son d'une vidéo de façon distincte. La prochaine tournée de Komparce cet été au Canada, la tournée européenne de Twin Pricks aussi en été. Divers projets d'installation plastique que nous allons présenté. Les Kito Night à venir à l'Emile Vache, ce lieu qui nous tiens à cœur et qu'on se plaît à investir. Bref, l'emploi du temps est assez riche pour les prochains mois. Et sans compter, l'investissement de façon plus ponctuelle dans une des plus belles salle de concert, les Trinitaires.

Il n'y a pas d'artistes précis avec qui nous aimerions travailler, c'est plutôt des projets sur lesquels nous aimerions nous investir. Par exemple créer la bande son d'un film avec Komparce, organiser un festival pluridisciplinaire réunissant tous les artistes du label ou encore travailler un peu plus sur des installations contemporaines.

En tant que personne, quels sont les groupes ou artistes qui t'ont marqué ces derniers temps?

Il y a vraiment un concert qui m'a marqué ces derniers temps. Le concert de CLUES en Mars au Festival Under The Snow à Montréal. Le groupe revenait d'une tournée Européenne. On sentait qu'ils étaient heureux de jouer chez eux, à la Sala Rossa. En première partie il y avait un groupe local que l'on connaissait pas, Braids. Une claque énorme derrière les oreilles. Le genre de groupe que l'on aimerait compter parmi notre catalogue. Une soirée marquante. J'ai aussi pris une très grosse claque en novembre dernier à la Casa del Popolo sur le live d'Animal Hospital. Un one man band de Boston juste énorme. On a l'impression que le gars a 6 bras, 3 mains et 4 pieds.

Pour le reste, j'écoute énormément de musique. j'en achète et j'en télécharge beaucoup. Difficile de choisir tel ou tel artiste. Peut être l'album de Duchess Says qui sort du lot ou celui de Clues justement. Pis pour le coté non objectif, toutes les prod de Mr Bios, mon collègue au sein de Komparce, qui me fait planer à chaque écoute et bien sûr les morceaux tubesques que Geo et Flo de Twin Pricks nous ont concocté avec amour.

Et la dernière pour la route, celle qui sert à rien: Beyond the noize fait une fixette sur Prodigy, t'en penses quoi?

Ahah, c'est une question piège. Pour moi, lorsque tu cites Prodigy, c'est avant tout à la moitié du groupe mythique Mobb Deep. Mon passé de hip hoppeur surement.

Sinon j'aime beaucoup les Prodigy anglais (c'est à eux que tu pensais ?) Peut être pas ce qui tourne le plus dans mon IPOD, mais franchement c'est un groupe qui a amené quelque chose musicalement et visuellement sur la scène electro des années 1990. Personnellement j'écoutais à cette période beaucoup plus de drum n' bass anglaise, notamment toutes les prod. du label Good Looking Records. (A noter que vous imaginez bien que la question portait sur le Prodigy avec lequel on vous saoule au quotidien hein!)

Merci à toi, et à bientôt, sur ces pages ou en vrai, pourquoi pas, pour l'organisation d'un événement ensemble.

C'est moi qui dois te remercier. Un événement ensemble ? OUI JE VEUX !


http://www.chezkitokat.com (photo du trio: Luc Dufrene)

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