
Kore-Eda saisit la candeur et la fraîcheur des rêves d'enfants, seuls capables de soulever des montagnes, de dépasser l'impossible. Ses deux gamins s'éloignent des stéréotypes scabreux, rappelant la malice ou la pudeur du petit garçon accompagné par Kitano dans Kikujiro No Natsu. Il dresse également le portrait d'une société japonaise qui change, irrémédiablement, tout en continuant à vivre sous la menace permanente des éléments naturels. Comme si les nouvelles générations apportaient leur lot de vitalité sous la houlette tantôt ravageuse, tantôt grandiose, d'une tradition millénaire.
Elle est aussi là, la force de Kore-Eda. Capable d'inscrire son cinéma dans la droite lignée d'un maître comme Ozu et de prendre les chemins de traverse que lui montre ses charmants bambins. Ainsi délaisse-t-il quelque peu ses plans fixes si travaillés, qu'il avait tant exploité dans Still Walking pour prendre l'air, gambader, se disperser. Entre la sagesse ancestrale et la vitalité soudaine d'une enfance imprévisible.
On pourrait croire que I Wish n'a pas de mérite à magnifier les aspirations de l'enfance. Mais loin de se contenter de réaliser les rêves impossibles de gamins aux visages d'ange, il les fait également grandir, plus vite que leurs parents. Face aux éléments intangibles, face à l'histoire qu'ils ne maîtrisent pas, les enfants prennent des responsabilités d'adultes et assument les rêves que leurs parents n'ont pas voulus enterrer. C'est ainsi que Kore-Eda voit l'avenir, entre les mains d'enfants aux rêves joyeux, capables d'un altruisme forcené et d'une raison à toute épreuve. Un bien bel ouvrage, touchant et superbe.
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