samedi 20 mars 2010

Loscil - Endless Falls

Un jour de pluie, un jour où la fille de Scott Morgan (quatre ans) décide de prendre en photo cette cover du siège arrière de la voiture. Pourtant, ces automnes sans fin, cette humidité de la musique de Loscil est réhaussée tout le long par une chaleur instrumentale et un bourgeonnement d'idées. On tient un des disques d'ambiant se rapprochant de la qualité des derniers Tim Hecker. Un paysage cette fois ci bien réel, un paysage certes contemplatif (truisme pour un disque de ce genre), mais plus enlevé, à l'image des meilleurs travaux de Biosphere. Les morceaux s'articulent autour d'un drone fait de nappes de claviers, au volume crescendo et en couches qui se superpose et où viennent se greffer plusieurs éléments, d'une richesse contenue. Rythmique électronique ou divers glitchs discrets se greffent à des morceaux à l'architecture religieuse, avec un son plus céleste qu'étouffant. Le travail de Loscil sur ce endless falls se veut moins naturel et beaucoup plus menaçant, et le disque tisse une toile absorbante le long de cette heure de musique (deux morceaux de plus sur la version double LP) qui aboutit sur ce lake Orchard mininaliste à souhait avec pilon d'une ligne de basse fantomatique sur divers glitchs de drones alourdis et ralentis dans leurs effets. Loscil livre un molosse ambiant qui mord, qui se livre sur la longueur et prend son temps à étaler son paysage. Scott Morgan fait le pari de la durée, et aurait trés bien pu construire son disque en un seul morceau mais a préféré lui insuffler cette dynamique poétique et plus accessible, avec certains aspects bien plus humains (violons) qui peut à peut s'estompent. Certaines répétitions ou ajouts de couches se rapprocheraient des travaux de Reich, notamment dans certains mouvements plus saccadés ou enlevés mais la finalité moderne de l'effort, le parti pris sans concession d'un paysage aride réalisé à base de sonorités humides et les envolées sonores (Morgan joue énormément avec la superposition de ses couches et leur impact selon le volume) rapproche plus ce endless falls d'un long drone qu'aurait pu pondre Coil. L'album se termine sur un des plus beaux morceaux du genre jamais composés, avec ajout de voix à l'appui, diction spoken words à la tristesse infinie qui sublime les sonorités encore plus parcimonieuses de Morgan. "I've Lost interest in Music. It is Horrible". (Kranky Records).

Aucun commentaire: