777 est donc le nom d'une trilogie de disques (entre avril et novembre 2011) proposant un déploiement sonore dans la lignée de l'EP qui précéda MORT, pour probablement déboucher sur un projet à part entière (777 donc) qui sera porter sur l'abstract hip hop, le dubstep etc... Pourtant, ce premier volet n'est en aucun cas proche d'une telle démarche, ou en reste encore bien éloigné. Découpé en épitomes, l'ouverture sonne comme un morceau typique de Blut Aus Nord, soit une musique aux guitares sales et dégoulinantes, s'abattant sur la boite à rythme, toujours incarnée par ces sons un peu cheaps et ridiculement rapides. Ce premier épitome se mue progressivement en une sorte de dub électronique prenant et glacial. Le son est dès lors proche du Scorn era Gyral ou Zander, c'est à dire exactement comme sur "thematic emanation...". Malgré le travail remarquablement sérieux que BAN met dans sa musique à développer des climats incroyablement sombres, la formation n'arrive cependant pas encore à maitriser son vocable électronique à la perfection et l'oppression de sa musique n'est pas aussi importante lorsqu'elle est synthétique que lorsqu'elle demeure menée par une guitare. Si le groupe est désormais fait d'excellents techniciens et chercheurs sonores à la 6 cordes, ils restent encore timide derrière les machines. Leur recherche de nouveau sons, d'accordage à la guitare n'as pas encore su atteindre cette finesse aux claviers. Cela se mesure donc sur la production parfois un peu légère sur des passages se voulant probablement plus lourds, et sur la relative "gentillesse" des climats électroniques. On est loin de la terreur quasi palpable que Scorn, justement, atteint depuis quelques années (cf. Refuse, start fires). Pour autant, le travail sur la guitare reste aujourd'hui la principale force du groupe. Le deuxième épitome est une sombre mais lumineuse progression lente et lourde, où le groupe ne cache plus l'influence d'une scène industrielle sur sa propre musique, comme sur l'avant dernier morceau, où les guitares crissent non pas sans évoquer Birmingham. Cependant, n'oublions pas que BAN n'est pas une éponge ayant seulement récupérée des influences éparses. Ils sont une influence majeure pour bien des formations aujourd'hui, et l'entité Blut Aus Nord propose ici toute l'étendue de sa rayonnante personnalité. Sur les épitomes 3 et 4, le groupe fait progresser constamment sa musique, lui donnant une complexité de construction quasi Crimson-ienne, embrassant encore et toujours de nouvelle voix. Fouinant sur des rythmes instables, l'épitome 4 vient progressivement faire mourir son motif sur une longue agonie porter par une voix claire et lointaine, plaintive. Le groupe progresse, avance, creuse et demeure une incroyable aventure sonore se réinventant à chaque enregistrement. Si on ne peut pas tout apprécier ( certains choix de production, la voix...) BAN reste une formation passionnante ouvrant ici encore un chapitre vers une mutation probablement essentielle.
lundi 18 avril 2011
BLUT AUS NORD- 777 Sect(s)
Il m'a fallu un temps considérable pour apprécier et me familiariser avec MORT, album déroutant et complexe. Pourtant, ce n'est pas la laideur intrinsèque de la musique qui me repoussa, mais bien son acharnement à devenir anti mélodieux, et le son usant de ces boites à rythmes. Pourtant MORT représente la quintessence de ce qui me séduit chez BAN, à savoir son éloignement de territoires trop balisés, trop "BM", son regard continu vers d'autres formes de musique tout en développant son propre langage. Les lecteurs à bonne mémoire se rappelleront sans difficulté la chronique expéditive écrite dans un premier temps ici même. Pourtant, après quelques années, cet opaque disque ne m'apparaît plus comme une suite de sons ridicules (quoique) débouchant sur un résultat profondément amusant, mais une tentative musicale de changer sa grammaire. Ni plus, ni moins. Je ne crois pas d'ailleurs que la moindre ligne concernant Odinist ait été écrite ici, et je suis même certain que "Memoria II" n'est jamais arrivé jusqu'à mes oreilles.
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