La révélation que j'ai eu l'autre jour m'a fait du mal. Physiquement et moralement aussi. C'est un peu comme si ma dignité en avait pris un coup, comme si quelque chose qui s'apparenterait à un fluide corporel vital avait disparu, comme si ma mère n'était pas ma mère, comme si les femmes avaient une conscience politique autonome... Je suis sado-masochiste ascendant kamikaze curieux et désintéressé. Il paraît que c'est définitif.
L'élément décisif dans l'acceptation de cette part de personnalité trop longtemps enfouie en creux fut le dernier film de Zack Snyder, réalisateur très en vogue à Hollywood qui, après nous avoir gratifié d'un film flirtant avec l'ethnodifférentialisme (le nauséeux 300) et d'un documentaire Disney sur la vie des oiseaux de nuit (Le Royaume de Ga'hoole) nous revient toujours avec des jupettes courtes et de beaux oiseaux avec Sucker Punch.
Zack Snyder est pour moi une sorte d'énigme. Un mec qui se revendique de Kubrick, louant le sens de l'esthétique du maître, réalisateur d'un remake noir, cynique et très efficace du Zombie de George Romero en 2004 et de l'une des meilleures adaptations de Comics au cinéma avec The Watchmen. De belles références et une carte de visite pas dégueu non plus. Seulement Snyder semble avoir omis une chose assez importante. Kubrick, loin de se contenter des aspects techniques et de transcender les possibilités de la technologie sur chacun de ses films, savaient écrire des scénarios ou s'entourer de gens sérieux dont c'était le métier.
Quel est donc le scénario de Sucker Punch? Une jeune fille (la fadasse Emily Browning) est placée contre son gré dans un asile par son père après la mort accidentelle de sa jeune soeur. Pour s'évader de ce lieu sordide, la jeune fille s'invente des mondes et des aventures, rêve sa vie pour mieux échapper à la réalité.
On ne pourra que louer une nouvelle fois l'éblouissante technique de Snyder. Ses ralentis sont somptueux, le travail de post production est magnifique, les couleurs éclatantes. Deux plans marqueront particulièrement les spectateurs avides de technicité: la discussion entre les deux soeurs dans les loges, la caméra de Snyder défiant les miroirs, passant à travers et nous renvoyant à notre propre image, nos propres reflets ou encore le faux plan séquence de castagne dans le train, assez génialement monté. Malheureusement, on finit par se lasser de cet étalage de tout ce que le jeu vidéo peut (ou pourrait) apporter au cinéma. Une esthétique léchée, une multiplication des univers, des mondes... Il manque quelque chose, et ce quelque chose, comme dans de nombreux jeux vidéo, c'est une histoire qui tienne la route/en haleine (au choix).
Maintenant il est temps que Zack, s'il veut vraiment pouvoir un jour regarder Kubrick en face, se façonne peut être une personnalité intellectuelle forte. Car pour l'instant c'est le flou complet. Et Sucker Punch n'arrange pas grand chose à cela tant le vide intersidéral de son récit laisse pantois. Il suffit qu'une des nymphettes surmarquillées ouvre son bec pour que toute crédibilité s'effondre. Certains y voient un film féministe. Si c'est le cas, j'ai le cul plus bleu que le Bleu de Klein. Difficile de croire qu'une bande d'écervelées, customisées comme de grosses voitures, enrobées dans un ramassis de sous vêtements fétichistes, servent la cause d'un quelconque mouvement de libération des femmes. Cela n'est qu'un prétexte assez médiocre d'ailleurs, à une exaltation masochiste (on y revient donc), celle d'un homme soumis à sa domina de latex (c'est particulièrement flagrant lorsque la bande d'amazones déambule dans les tranchées parmi tous ces hommes à la tête basse qui n'osent les regarder).
Enfin, et ce n'est pas le moindre écart avec Kubrick, Snyder foire assez violemment sa BO en massacrant quelques morceaux que tout le monde connaît (connaît parfois trop). Si vous êtes un nostalgique de Eurythmics, des Pixies ou de The Smiths vous risquez de ne pas trop apprécier la ré-orchestration poisseuse et les gémissements plaintifs d'Emily Browning sur ces chansons, peu subtilement en phase d'ailleurs avec la naïveté du récit.
Bref, tant que Snyder s'obstine à rester un simple plasticien sans prise sur les sujets qu'il traite il ne pourra que regarder avec admiration l'exposition Kubrick à la Cinémathèque sans jamais pouvoir prétendre pouvoir figurer un jour à ses côtés.
Enfin, et ce n'est pas le moindre écart avec Kubrick, Snyder foire assez violemment sa BO en massacrant quelques morceaux que tout le monde connaît (connaît parfois trop). Si vous êtes un nostalgique de Eurythmics, des Pixies ou de The Smiths vous risquez de ne pas trop apprécier la ré-orchestration poisseuse et les gémissements plaintifs d'Emily Browning sur ces chansons, peu subtilement en phase d'ailleurs avec la naïveté du récit.
Bref, tant que Snyder s'obstine à rester un simple plasticien sans prise sur les sujets qu'il traite il ne pourra que regarder avec admiration l'exposition Kubrick à la Cinémathèque sans jamais pouvoir prétendre pouvoir figurer un jour à ses côtés.
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