Après avoir oeuvré dans RAW, la revue de Spiegelman pendant plusieurs années (il en était devenu un des fers de lance, et la revue est aussi culte que légendaire, avec entre autre, ce numéro qui offrait un vynil 7" souple à l'intérieur), et terminé quelques BD ( El Borbah...) ou autre pochette de disque (on cite l'inévitable pochette pour Iggy, mais nous n'oublierons pas les Residents ou Mc 900 ft jesus) tout en assurant toutes les illustrations du magazine littéraire The Believer, Charles Burns s'est attelé pendant 10 ans à la réalisation de son chef d'oeuvre jusque là: Black Hole.
Le pavé final raconte l'histoire de plusieurs ados issus de la banlieue de Seattle parmis lesquels certains sont touchés pas une maladie qu'ils appellent "la crève" (étonnament issu de "the bug" en VO). Intelligement mené sur 12 numéros, l'histoire raconte donc cet adolescence typiquement anormale, banalament à part. C'est à dire ancrée dans un tissu social précis et qui ne change pas ( Burns admet lui-même que son travail aurait pu être déplacé dans les 90's), car les schémas restent les mêmes. Maladie dont on ne parle pas, préoccupations bien loin du non dit (toujours les mêmes, l'alcool, l'herbe...) et parents quasi absents. La prouesse de Burns se situe dans le dessin de celui-ci. Contrastes secs, pas de gris, uniquement du blanc, et du noir. beaucoup de noir. D'énormes applats, et beaucoup de détails, sombres. Chaque case pourrait faire l'objet d'une analyse si ce n'est d'un temps pour l'admirer. Les détails fourmillent, le dessin est précis, contrastant alors avec la simplicité des traits humains: l'ensemble des ados ont tous un visage très similaire, seul une barbe, un nez ou un grain de beauté -pour les "sains"- permet de distinguer les différents personnages. Pour autant le trait de Burns ne s'affiche pas là dans la facilité puisque la constance des cases laissent admiratifs.
L'histoire que conte Burns est presque banal et fait côtoyer la pire horreur, celle d'une adolescence menacée et ravagée à une toile de fond immuable. Et si quelques développements peuvent laisser dubitatifs, on se prend surtout à trouver cette histoire -foncièrement dérangeante- très confortable dans son climat, dans son ambiance familière (le lycée, les longues journées à tuer le temps, la musique et les cercles de connaissances...) et intemporelle. Une oeuvre graphique parfaite par un dessinateur au talent majeur, une bande dessinée d'une grande force, remarquable.
1 commentaire:
Eh eh! Je l'ai eu à Noël :) Je l'ai dévoré !!
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