mercredi 20 octobre 2010

BASQUIAT: THE RADIANT CHILD


Soit je deviens définitivement vieux avant l'heure, soit je deviens une sorte de bobo parisien qui ne s'en donne pas les moyens, toujours est-il que j'ai franchi le cap que je ne pensais jamais franchir: aller au cinéma, payer la rançon quémander au guichet, et aller voir un documentaire. Alors Bobo? Pas vraiment parce que Basquiat, le personnage, m'amuse plus que Basquiat, le mec qui a dessiné une poignée de croutes surestimées dans les années 80. Pire encore, je connaissais le bonhomme avant que la capitale de la France (Paris, c'est bien, y'en a qui suivent) soit totalement recouverte d'affiches vantant l'exposition au Palais de Tokyo. Parait-il qu'au vernissage, il fallait faire 2 heures de queue pour rentrer, tout ça pour probablement entendre des conneries de pouffiasses délurées type "on sent bien la dépersonnalisation de l'artiste dans cette toile" entre deux étudiants aux beaux-arts faire des rapprochements douteux avec l'iconographie d'une chaine de meuble suédois. Pour preuve, nous avions déjà parlé de Downtown 81, avec ce bon vieux Jean-Michel. Enfin, certainement pas bobo quand une autre des raisons qui m'ont poussé à aller voir ce doc, c'est que la réalisatrice s'appelle Tamra Davis, réalisatrice du seul nanard ayant eu l'immense honneur d'afficher Britney au casting, présentatrice d'une émission de bouffe vegan sur le web et accessoirement, Madame Michael Diamond, la seule et réelle raison qui fait que je n'ignore pas son existence. Et que fait madame "D" quand elle ne signe pas son émission dans son loft new yorkais? Elle exhume des vidéos de son feu pote jean-Michel, fait faire la musique à son mari et à son pote Horovitz, assemble des bouts de vidéos, de portraits, et d'interviews de gens ayant gravité dans la grosse pomme au début des années 80 et sort un film. The Radiant Child retrace le portrait et la vie de Basquiat, artiste emblématique et à la carrière éclair du New York des années 80. Emblématique parce que sa peinture était à l'image même de l'effervescence artistique qui sillonna la ville à cette époque, où tout devint permis, où les codes étaient détruits dans la peinture et dans la musique. D'ailleurs, Downtown 81, qui me semble être le complément parfait au documentaire, retraçait au mieux cette impression de par la présence de DNA, entre autre, au casting. Le chaos, l'absence d'esthétique évidente comme nouvel ordre. On y apprend entre autre que SAMO était un piètre joueur de clarinette qui s'essaya pourtant à la musique via un groupe (avec Vincent Gallo, alors danseur dans un posse hip hop). Faut-il y voir un lien avec la qualité de ses représentations graphiques?
C'est une des vraies questions qui sous tendent le film, si l'on arrive à s'extirper de la fascination de l'oeuvre de l'homme (car c'est simple soit on aime, soit on déteste, mais à 10€ la place, on aime!) et que l'on prend le recul nécessaire. Basquiat avait-il du talent? Si le film ne semble pas poser la question de manière ouverte, et que je me garderais bien de répondre, il semble que le documentaire pose néanmoins des clés pour comprendre. A l'évidence, Basquiat connaissait ses propres limites, et s'est acharné à travailler le plus possible, de façon continue et passionnée. Si la qualité intrinsèque de son oeuvre reste discutable, l'investissement du personnage dans son travail apparait comme la preuve absolu que l'homme n'était pas qu'un glandeur opportuniste mais dévoué et rigoureux. Quelques document le montrant à l'oeuvre ont pourtant tendance à simplement montrer un gamin avec des gros pinceaux faire des traits abscons et jouer avec la matière plus qu'autre chose. Pourtant, Basquiat avait des idées, et savait parfaitement ce que l'on pouvait percevoir de son travail. Dans le film, un entretien est reproduit où le "Radiant Child" explique qu'aucun trait n'est due au hasard, que tout est parfaitement à sa place et murement réfléchi, comme un justification pour ceux qui ne comprendraient pas, mais aussi une sorte de dédouanement sans faille pour l'artiste. Toujours est-il que les toiles de sa toute dernière exposition, obsédé par la mort de Warhol, ou même ses croquis d'enfants passioné d'anatomie trahissent un réel sens du dessin, un vrai coup de crayon.
Le film de Davis est donc une collecte passionnante de docs, faisant dans la globalité un métrage au charme certain, dont les protagonistes (Des amis proches, Thurston Moore de Sonic Youth répond à une paire de questions...) viennent dresser un portrait idéal du jeune homme, et qui à mon sens, éclaire un peu mieux sur le talent de l'homme, sans que le propos de base ne fut celui-ci. Avec Downtown 81, voilà une bonne raison d'oublier le film au casting pourtant impressionnant (Defoe, Walken, Hopper, Del Toro, Courtney Love...) sorti en 96 qui ridiculisait Bowie en lui faisant porter la coupe de Warhol.

2 commentaires:

Lady Kiga a dit…

"croutes surrestimées" mouhahaha

Lorette a dit…

hum hum "croûtes surestimées", je suis pas d'acc.