Yuko Morigushi est professeur dans une école japonaise. Difficile de faire cours au milieu d'une quarantaine de bambins hurlants et dissipés qui s'envoient plus de textos et de boules de papiers qu'ils ne prennent de note. Au milieu du chahut et du brouhaha, Yuko leur annonce qu'elle se retire du monde professoral à la fin du mois et commence à leur expliquer pourquoi. La jeune femme est à bout depuis la mort de sa fille, Manami, retrouvée noyée dans la piscine de l'école. Un accident selon la police. Pas pour l'institutrice qui, au cours de sa démonstration, accuse deux de ses élèves qui sont rapidement reconnus par leurs camarades. Sur de son fait, Yuko va leur rendre la vie impossible.
Ce film de Tetsuya Nakashima est plutôt une bonne surprise comparativement à ce que l'on pouvait attendre de son sujet. De Battle Royal à La journée de la jupe, la délinquance juvénile et les problèmes systémiques des différents systèmes scolaires à travers le monde ont déjà donné lieu à de nombreux ouvrages intéressants, engagés et polémiques. Nakashima a pour lui deux atouts: une narration originale et une intrigue tendue.
Confessions s'ouvre sur un très long prologue ou plutôt, un très long monologue de l'institutrice Yuko. Elle fait face à sa classe, complètement hors de contrôle mais reste droite, stoïque, impassible face à la défiance permanente et au capharnaüm qui y règnent. Malgré sa longueur, cet incipit audacieux tient son homme car le réalisateur ménage le suspens à grand renfort de petits effets et d'une musique omniprésente. On pourrait s'en lacer, mais la tension qui règne et dont on cerne lentement les contours est plutôt réjouissante. Se met alors en route une implacable vengeance froide et tranchante qui se tait durant un bon bout de temps. S'enchaînent les "confessions" des différents protagonistes, distillant chacune leur tour, un lot d'informations et de précisions sur les intentions des enfants et sur la réalité des faits entourant la mort de la jeune Manami.
Bercée de pop anglo-saxonne, cette fable cruelle sur l'incapacité de l'enseignement à contenir une population nourrit par une violence distante et ordinaire se double d'une chronique oeudipienne du mal pré-adolescent. Les deux garçons meurtriers entretiennent en effet des relations plus que délicates avec leur mère respective: le premier a décidé de s'enfermer dans sa chambre sans dire mot et se met à hurler dès que sa mère se présente devant lui. Le second a été élevé dans une quête de l'excellence absolue qui a rendu sa mère violente à son encontre et incapable de tendresse envers lui. Tout deux sont à la recherche d'un équilibre qui n'existe plus, coupés de toute figure paternelle autoritaire et d'une mère qui pour l'un ne sait plus comment lui témoigner son affection et pour l'autre y a renoncé en s'éloignant de l'enfant à jamais.
Ces enfants cherchent en somme à exister et hélas, ce n'est pas par leur talent qu'on leur permet de le faire, la société préférant mettre en avant la violence quotidienne plutôt que les petites réussites ou leurs jeunes créations. Confessions a de quoi agacer par son maniérisme mais sa logique implacable et son crescendo final valent le détour. Premier bon filon du Festival.
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