Winding Refn est rarement là où on l'attend et cela l'amuse très certainement. Drive en est une nouvelle preuve. Après avoir mystifier le film de Viking, genre un peu perdu et désuet auquel il a donné une vigueur occulte et christique incroyable, après avoir transformé la vie de Charles Bronson (le prisonnier le plus dangereux d'Angleterre) en livret pop, imbibé de culture gay et de flash 80's, NWR va frustrer plus d'un amateur de bagnoles. Ryan Gosling y interprète un cascadeur qui, pour arrondir ses fins de mois, sert parfois de chauffeur à des braqueurs. Il tombe amoureux de sa voisine de palier, une jeune mère au foyer qui doit élever seule son fils en attendant que son mari sorte de prison. A sa sortie, ce dernier est embarqué dans une embrouille. Pour épargner la jeune femme et son fils, le cascadeur décide de l'aider dans un dernier casse qui va mal tourner.
A ceux qui attendraient de ce pitch musclé une petite bombe d'action, de course poursuite et de gunfight ultra stylés, vous pouvez aller vous coucher. Refn est plus malicieux que ça et a su transformer cette histoire de coursier de nuit en tout autre chose, de bien plus riche, tant sur le plan esthétique que narratif. A tel point que Drive se transforme en un véritable travail sur la frustration. Sur le rythme tout d'abord; Winding Refn fait tout pour casser le rythme et nourrit son récit de travelling longs et de ralentis serrés, broyant la testostérone au profit d'une esthétisation de la tension et du suspens.
Ensuite parce qu'au lieu de faire la part belle à l'action, il donne le primat à l'histoire secondaire qui lie le personnage du cascadeur à sa voisine. Il ménage de longs temps de transition qui en deviennent d'ailleurs des temps riches et importants, constitutifs de l'évolution du personnage de Gosling, à cet amour naissant, à cette complicité mutique avec le jeune enfant... En réalité, ce que Refn redéfinit ici, ce sont les contours d'une certaine virilité. Gosling est un personnage silencieux, droit dans ses bottes et dans sa tête, généreux et sans histoire (du moins en apparence). Et c'est cet homme là qui s'extrait de la faune sauvage qui l'entoure : le mari de la voisine, bad boy latin dont on sent le sang chaud et le manque cruel d'esprit derrière une sincère envie de se rattraper, est expédiée en peu de temps. Ce type de mâle n'a pas la classe requise aux yeux de Refn.
Il n'a pas de charisme non plus, contrairement à Gosling. Ses yeux bleus tendres cachés sous ses lunettes noires, il habite un personnage qui fait souvent penser à Steve McQueen, mauvais garçon au grand coeur et aux gants de cuire qui crissent lorsqu'il serre le poing. C'est cette virilité là qui renaît dans Drive, un mâle encré dans les 70's, au charme ravageur logé dans son regard naïf et son aphasie sensuelle.
Mais le mâle de Refn n'est pas qu'un bon gars venu de la campagne. Il est aussi une bête à la violence extrême. Dans des élans incontrôlables, notre cascadeur se déchaîne sans la moindre pitié à coup de grolles sur le visage de ses ennemis. Car ne l'oublions pas, Drive est aussi un film de mafia, bercé dans une ambiance 70-80's (si les looks sont 70's le générique d'ouverture, par son rose clinquant et volontairement kitch, fait plutôt référence aux films de genre des années 80) et donc dans la violence inhérente à ce milieu. Et comme dans Pusher, les écarts sont sauvagement réprimés. Assurément le visage d'ange de Gosling détonne au milieu des visages cabossés et réjouissants des Ron Perlman, Bryan Cranston et Albert Brooks.
A contre courant, prenant son monde à revers comme il en a la coutume, Nicolas Winding Refn livre avec Drive un pur moment de divertissement cinéphilique. Fort d'une mise en scène qui prend son temps sans jamais ennuyer, de quelques scènes musclées suffisamment fortes pour ménager les amateurs, Drive refuse la surenchère. Et il le dit très bien à l'intérieur d'une scène qui défini typiquement ce vers quoi Refn refuse d'aller: sur un tournage Cranston dit à Gosling que la production aimerait bien qu'il en rajoute en faisant un tonneau avec une voiture. Et ça c'est tout à fait ce qu'on ne voit pas dans Drive.
Ensuite parce qu'au lieu de faire la part belle à l'action, il donne le primat à l'histoire secondaire qui lie le personnage du cascadeur à sa voisine. Il ménage de longs temps de transition qui en deviennent d'ailleurs des temps riches et importants, constitutifs de l'évolution du personnage de Gosling, à cet amour naissant, à cette complicité mutique avec le jeune enfant... En réalité, ce que Refn redéfinit ici, ce sont les contours d'une certaine virilité. Gosling est un personnage silencieux, droit dans ses bottes et dans sa tête, généreux et sans histoire (du moins en apparence). Et c'est cet homme là qui s'extrait de la faune sauvage qui l'entoure : le mari de la voisine, bad boy latin dont on sent le sang chaud et le manque cruel d'esprit derrière une sincère envie de se rattraper, est expédiée en peu de temps. Ce type de mâle n'a pas la classe requise aux yeux de Refn.
Il n'a pas de charisme non plus, contrairement à Gosling. Ses yeux bleus tendres cachés sous ses lunettes noires, il habite un personnage qui fait souvent penser à Steve McQueen, mauvais garçon au grand coeur et aux gants de cuire qui crissent lorsqu'il serre le poing. C'est cette virilité là qui renaît dans Drive, un mâle encré dans les 70's, au charme ravageur logé dans son regard naïf et son aphasie sensuelle.
Mais le mâle de Refn n'est pas qu'un bon gars venu de la campagne. Il est aussi une bête à la violence extrême. Dans des élans incontrôlables, notre cascadeur se déchaîne sans la moindre pitié à coup de grolles sur le visage de ses ennemis. Car ne l'oublions pas, Drive est aussi un film de mafia, bercé dans une ambiance 70-80's (si les looks sont 70's le générique d'ouverture, par son rose clinquant et volontairement kitch, fait plutôt référence aux films de genre des années 80) et donc dans la violence inhérente à ce milieu. Et comme dans Pusher, les écarts sont sauvagement réprimés. Assurément le visage d'ange de Gosling détonne au milieu des visages cabossés et réjouissants des Ron Perlman, Bryan Cranston et Albert Brooks.
A contre courant, prenant son monde à revers comme il en a la coutume, Nicolas Winding Refn livre avec Drive un pur moment de divertissement cinéphilique. Fort d'une mise en scène qui prend son temps sans jamais ennuyer, de quelques scènes musclées suffisamment fortes pour ménager les amateurs, Drive refuse la surenchère. Et il le dit très bien à l'intérieur d'une scène qui défini typiquement ce vers quoi Refn refuse d'aller: sur un tournage Cranston dit à Gosling que la production aimerait bien qu'il en rajoute en faisant un tonneau avec une voiture. Et ça c'est tout à fait ce qu'on ne voit pas dans Drive.
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