lundi 14 décembre 2009

Massive attack - 100th window

Le syndrome de Bono, comme l'a nommé mon collégue docteur, n'est pas celui qui consiste a transformer tout ce qu'il touche en or et succés, en particulier les matières fécales, mais plutôt celui qui consiste à rajeunir vocalement en se faisant vieux.
J'accorde un point à ce cher parigot, 3D en souffre. Un del nadja qui se retrouve d'ailleurs seul aux commandes du bateau massive attack suite à mezzanine, l'ami Daddy G étant absent. SI mezzanine est surement le disque le plus fascinant, le plus abouti que la musique contemporaine a écrit, symbiose parfaite de pléthore d'invités et de recherche sonique aux confins de la dub, du rock, de l'electronique, des musiques noires entouré d'une esthetique urbaine, que peut il rester d'un collectif réduit à son plus simple apparât. Visiblement un gros casse tête pour 3D qui s'entoure d'un ancien Spiritualized pour commencer à confectionner des boucles, qui essaye de travailler differemment, voulant éradiquer tout sample de cet effort. Les fuites studio de l'époque laissent entendre que le travail est largement expérimental, boucles qui tournent, effets qui les enveloppent, sorte de jam electronique sans réelle bouche de sortie. Pourtant, en 2002, le capitaine laisse tomber la nouvelle: il est mécontent de ces travaux, et le travail est repris á zéro.

Pourtant á l'écoute de cet effort, on ne peut pas s'empecher de penser que cette période d'errance sonique aura été bénéfique à la tête pensante de cette machine de guerre. L'esthetique massive attack a changé, tout en permettant un retour un arrière salvateur à l'entité. Là où on a beaucoup lu que ce disque était d'une froideur sans précédent, la suite de massive attack sans sa chaleur rock (j'extrapole et traduis certaines critiques lues par le passé), on remarquera au contraire la manière dont massive attack renoue avec ses origines electroniques, sans pour autant laisser l'aventure mezzanine de côté.
100th window est une sorte de squelette de ce que massive attack moderne est. Une machine de guerre réduite à ses apparats les plus simples et viscéraux. Ici, le dub reste en écho sonore avec des lignes de basse dantesque, surement plus monolithiques et produites d'une manière bien plus urgente. Les guest vocaux font dans la nouveauté pour les voix féminines avec O' connor sur une bonne tripotée de morceaux, qui réalise une prestation aiguisée pour le collectif. On retrouve toujours ce cher Horace Andy, cette fois ci au chant lointain, larmoyant sur deux des morceaux du disque. Cette fois ci plus trop de featurings, de double vocaux, on épure au maximum les squelettes inutiles pour en tirer une essence sonore. On a longtemps entendu froide, mais l'electronique se barde d'une quantité d'effets, les nappes se succédent pour rechauffer ces beats langoureux. Les lignes s'ajoutent et se succédent, puis se deconstruisent pour exploser dans une reprie finale (antistar). 3D aux seules manettes n'est pas tombé dans le syndrome Archive (maladie de mon diagnostic), où l'orientation rock a cloué le groupe qui s'est forcé à pratiquer une musique insipide les fesses serrées pour le restant de leur carrière.
Ce qui fait de 100th window ce chef d'oeuvre sous estimé, c'est qu'il est passé aprés mezzanine, qu'on a essayé de lui tirer son teardrop, version jingle pour Dr house, mais que le disque parlait en bloc, dans une unité taillée dans la glace, avec un 3D aux manettes qui a réalisé l'irréalisable, savoir s'entourer pour mieux se sublimer, savoir prendre son temps pour travailler mais ne pas s'enliser dans l'auto satisfaction de ses propres boucles, savoir donner un coup de pied au cul de son propre travail. Il en ressort une mélancolie chaleureuse, pas forcément trés accueillante, mais à l'arrivée un des plus grands disques electroniques post mezzanine.

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