mardi 2 juin 2009

Sonic Youth - Les débuts

Sonic Youth est surement l'entité rock la plus marquante de ces dernières décennies. Autant un groupe avec un son marqué qu'une éthique marquée, le groupe a été associé à différentes scénes dites underground, de la No wave au post rock en passant par le grunge. Quelle que soit la réalité, ces etiquettes sont juste des barrières visant à situer un groupe de rock issu de la scéne new yorkaise facilement intellectualisables qui s'est illustré dès ses débuts par un son peu orthodoxe basé sur des guitares trifouillées avec divers objets (baguettes, tournevis) visant à créer un magma sonore des plus mélodiques. Mais SOnic Youth est aussi une des icônes, si ce n'est l'icône de toute une frange de rock des années 90, dit rock indépendants pour leur capacité à passer outre les constructions faciles, à laisser vivre certaines mélodies et a ingérer une quantité d'influences non rock. C'est aussi un groupe ayant ingéré les influences punk, à l'image d'un Neil Young par exemple, pour livrer sa propre vision d'un rock sale et expéditif (ouais certains disent grunge, moi ça me fait rire). Pour finir, SOnic Youth c'est aussi un groupe ayant lutté pour cette scéne dite indépendante en donnant sa chance à certains groupes, en ayant une activité musicale et artistique variée sur ses différents labels (je pense notemment à son activité expérimentale sur les Sonic youth recordings).
Pourtant, au début des années 80, c'est un tout autre groupe que l'on connait sous ce nom là. Thurston Moore (ancien fricoteur de l'orchestre pour guitares electriques de glenn branca, aux côtés de page hamilton mais aussi de Lee Ranaldo), rencontre Kim Gordon et forment avec Richard edson le groupe connu sous le nom actuel. Leurs premiers concerts ne ressemblent pas vraiment à grand chose, si ce n'est quelque chose de forcément bruitiste et chaotique, qui conservera une énergie punk sans concession. C'est à la suite de cette série de concerts que Lee Ranaldo intégre le groupe.

Sonic youth - Sonic Youth (1982)

C'est en cette année 1982, avec ce line up (richard Edson ayant préféré revenir, malgré son départ), que sort le premier vrai enregistrement du groupe, réedité en 2006 avec une série de live d'avant sa sortie, ou de versions alternatives de morceaux du disque jamais sorties ailleurs.Cet album restera une sortie historique pour le groupe, et agrémenté de ses bonus sur la récente réedition permet de cerner les débuts du groupe avec des versions abrasives et folles en concert, pleines de triturations d'instruments, de riffing cheap et d'experimentations sonores. Quant à l'EP en soi, il nous présente une face bien plus apaisée du groupe que sa réputation concert, largement inspiré par ses travaux passés, dont la participation aux orchestres de Glenn branca pour le côté atonal desmélodies, les insistances mélodiques et rythmiques et le côté incantatoire. Le ton présente un panel sonore inouï avec des dissonances, des répetitions rythmiques proches du post punk, perceuses passées aux pédales d'effets et surtout un déjà fort feeling mélodique. Alors certes, ce disque sonne plus marqué par ses influences, et reste trés rythmé par le jeu de batterie de Edson, trés funky et enlevé, donc forcément moins rock (est ce un mal?) mais reste quand même une grosse pierre angulaire du rock de ce début des années 80, et agrémenté de ses multiples bonus nous permet d'ores et déjà de cerner les différentes faces d'un groupe protéiforme, à la fois abrasif en concert, comme interessé par le choix de mélodies et la recherche sonore. Cet album permettra au groupe de tourner avec les Swans, tournée qui orientera le groupe vers un côté encore plus chaotique que par le passé.

Sonic Youth - Confusion is sex+Kills your idols EP (1983)

C'est donc sur cette sortie que le groupe livrera son côté le plus haineux et bruitiste, proche des concerts du début, proche de son énergie directe.L'expérimentation sur les mélodies se poursuit, mais revêt un côté bien plus punk (la reprise de I wanna be your dog n'est pas anodine), bien plus raw et direct. Pourtant cette dualité reste toujours présente, avec un côté arty psychédélique encore là. Des mélodies oniriques ou KIm Gordon s'impose comme le côté sexuel du groupe. Changement de batterie qui n'en finissent pas, avec l'intégration d'un Bob bert jugé trop cool pour l'essai, puis d'un ancien Teenage jesus and the jerks, avant le retour de Bob Bert pour la tournée. Ce qui fascine sur ce disque est cette facilité à maitriser des ambiances grâce aux choix sonores du groupe, qui ne maitrise pas forcément encore ses instruments d'une réellle manière. Brûlot arty bruitiste, disque clé pour comprendre toute une scéne, disque marquant pour le groupe lui même pour lequel il reste référence, COnfusion is sex alterne passages angoissées claustrophobiques et rage non maitrisée, avec un passag aux effets distordus des instrument complétement arrachés. A 2000 lieues de la musique de club, de la musique maitrisée, dansante et gentille, Confusion is sex est l'expression de terroristes du son bien décidés à prendre en contrepied toute une scéne.

Sonic Youth - Bad moon Rising (1985)

Contrepied poursuivi sur la suite de la discographie.Aprés un brûlot sans aucune concession sonique, le groupe revient avec un album marquant vu qu'il marque l'arrivée de Steve Shelley à la batterie sur la tournée de l'album, batteur actuel du groupe. Bad Moon rising accentue le côté angoissant des compositions du groupe dans un disque sans aucune pause à l'ambiance étouffante et au son cauchemardesque. Les compositions sont lancinantes, à l'image de protect me you sur le précédent opus, mais laissent transparaitre un sens de la mélodie aiguisé, un sens de la chanson pop masqué par un apparât bruitiste et un son sans aucune concession. LEs vocaux se font moins itéraitf et froids et de réels sentiments transparaissent de la voix de Thurston et Kim. Ce disque est terrifiant, et malgré son apparence plus posé ne laisse aucun espace vide dans des morceaux monstrueux où la plus simple des ballades pop se transforme en un cauchemar auditif agrémenté d'un sens de la mélodie annoncé. I love her all the time en en l'exemple parfait. Pourtant les influences sont encore là, ce côté no wave, où Lydia Lunch en personne apparait sur death valley 69. Bad moon rising joue avec les allées et venues rythmiques, l'entrée de sons et leur sortie pour créer une ambiance jamais aussi cohérente pour le groupe, et malgré tout une beauté transparait dans cet opus.

Sonic Youth - Evol (1986)

Le cauchemar est terminé. Ce serait plus le réveil, toujours un peu angoissé, entre rêve et réalité. Evol est un peu tout ça à la fois. La maitrise acquise des instruments, la domination du son, qui ne se fait plus subir par le groupe, mais que le groupe nous fait subir, l'acquisition de ce feeling pop malaxé et déglingué. Shadow of doubt montre que le tout est encore là, inconsciemment, en arrière fond, dans cette aisance des mélodies angoissantes et itératives, issues du post punk. Mais Evol montre la lumière, l'ouverture possible, l'accés vers de nouvells contrées. La beauté simple, lumineuse et à la fois si fragile d'un Tom Violence, où les triturations d'un expressway to yr skull sur lequel Neil Young aurait pu écrire une dissertation (d'ailleurs s'il passe parlà, qu'il se livre à l'essai, c'est une requète). Pourquoi Evol est charnière? Tout simplement car c'est l'essai qui synthétise le mieux la schizophrénie palpable depuis les débuts du groupe, entre violence aigu, bruitiste agressif et beauté limpide dans le choix des mélodies, feeling pop romantique et sexuel. Mais c'est aussi sûrement aussi là que Sonic youth arrive à allier les deux à la fois, en livrant des mélodies à base de violence aigue et sonique, sublimées par une aisance des choix sonores. C'est aussi le début d'une stabilité du line up au niveau batterie, qui créera un réel combo uni (premier disque où Steve shelley participa à la composition). Puis Evol, c'est aussi l'anagramme de love, là ou les démons de l'amour se rencontrent, et luttent pour en extraire la quintessence.




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