Vous l'aurez compris, Bardo Pond peut simplement être décrit comme du rock à cinq, avec le besoin irréprésible d'élargir le spectre visuel par le spectre sonore. Du rock drogué, divinatoire qui étire les sons dans l'espace, comme si les cinq s'installaient au milieu d'une pièce entourée d'amplis pour voir ce que laisser vivre les mélodies, laisser l'électricité et les effets divers (feedbacks, delays et compagnies) pouvait créer. Cinq assomés qui ont pris la décision de s'imposer le son sans le canalyser au lieu de nous l'imposer. M'est idée que sur galette, le son est tout de même bien plus canalysé qu'en concert, où les stridences doivent là prendre le pas sur les mélodies et l'aspect flottant ou onirique de la musique. On the Ellipse était l'album nostalgique par excellence, tout en finesse et tout en confinement de l'espace sonore. Ticket crystals est plus cauchemardesque, moins renfrogné, moins béat. Les influences métalliques du quintet se font plus sentir qu'auparavant, avec cette fois ci des chansons qui s'articulent autour de riffs (certes décomposées et broyées jusqu'à atteindre l´état recherché, mais bel et bien des riffs). En cela celui ci se rapproche plus de Bufo Alvarius, dans l'approche frontale des morceaux, tout en gardant ces envolées latérales. En quelques sortes un résumé total de ce que peut être Bardo Pond: empilées en strates Ticket crystals assomme, se permet les étirements divagatoires et posséde ce même raffinement qui incarnait Dilate (Isle). C'est aussi un côté plus pop, qui permet à Bardo Pond de lancer l'hommage à certains de ses artistes 60's (hippies) phares, comme Les beatles avec cette cover de Cry Baby cry ou encore sur le trés ensoleillé Moonshine. Toujours trés colorée, la musique de Bardo Pond garde une cohérence époustouflante au cours d'un disque loin d´être court, mais qui pousse l'expérience dans ses retranchements sur des morceaux debridés ou le format importe peu. Tout d'abord c'est ce pavé psychédélique qu'est FCII, basé sur une ligne de basse itérative sur laquelle s'enroulent des drones et différentes sonorités ennivrantes. La deuxième grosse expérience du disque se situe dans sa conclusion cauchemardesque (Montana Sacra II) où un sample vocal fait la nique à un combat entre la mélodie et l'ampli, sorte de spirale aspirante qui ne cherche ni à éclater ni à avancer.
Bardo Pond aura beau être assimilé à la scène dite post rock (déjà ce mot ne veut rien dire), aux travaux de Mogwai (quelqu'un peut enfin me dire pourquoi?), le groupe est l'incarnation du psychédélisme moderne, et du rock dans ce qu'il se fait de plus narcotique.
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