jeudi 4 mars 2010
DOOM dans la capitale de la France
L'évènement a lieu à l'Elysée Montmartre. En première partie, Ugly MacBeer pousse des disques via une platine et un système d'ordinateur portable très sophistiqué et encore peu répandu. UMB avait sorti pour une marque de vêtements à la fois Allemande et Américaine-qui sponsorise d'ailleur la soirée- un cd appelé injustement "mixtape" où le monsieur enchainait exclusivement des morceaux tirés de la riche discographie de Doom. Tout ça était écrit. Accompagné par un compagnon au look totalement improbable (cheveux longs, col roulé, veste en daim, on dirait un mec echappé de la sorbone ou du "péril jeune", au choix), d'un autre malin qui se promène avec une combinaison noire, un glaive et un masque metallique (quelle originalité) et enfin de Mike Ladd, UMB enchaine une série de morceaux très "horrorcore", et n'est pas sans rappeler les Gravediggaz, ou Spectre dans ses meilleurs moments. Mike Ladd est un MC qui avait fait parler de lui à la fin des 90's avec ses différents projets et associations (avec APC et Co Flow notamment ou en remixant Enrico...) et qui semblait très en vue dans le petit monde underground d'alors. Ce fan des Bad Brains s'était fait très discret ces derniers temps, même si on le retrouve, par exemple, sur le fameux "Anarchist Republic Of Bzzz" (Mr Skidz, si vous nous lisez: mes honneurs) sorti tout récemment au coté de Sensational (le monde est vraiment petit) au micro. Sur fond de films gores (Maniac cop, canibal holocaust), tout ce petit monde avait déja sorti des disques ensemble (notamment "Mo dougly weird Stories") et va visiblement continuer. Finissons les multiples références pour aller à l'essenciel: ça faisait longtemps qu'une première partie ne m'avait pas franchement emballé, tout simplement. La soirée commence bien, reste plus qu'à en terminer avec les multiples interrogations concernant l'évènement.
DOOM, on en a déja largement parlé dans ces pages (fouillez dans la barre sur le coté) ne s'est jamais redéplacé en Europe natale depuis plus de 20 piges, car son pays d'accueil ne lui a jamais accordé le sacro-saint VISA. Pire encore, certains concerts organisés n'ont en fait que proposés des mecs portant le masque et n'étant pas Daniel Dumile Ze Rwiil Ouane. On parle également de concert où Metal Face devient Metal Finger ou plutot Metal CrossFader en passant quelques disques sans rien d'autre. La crainte de voir un concert foireux est donc réelle, même si la promo se veut rassurante.
Et finalement, aucun doute possible. Accompagné d'un mec jamais calé qui se prend pour Necro, masqué par un bandana, avec un tee "COCAINE" (en fait j'ai lu "OCAIN" le reste étant caché par sa veste, j'en ai déduis que c'était une référence au puissant psychotrope, je n'affirme rien et reste à la recherche d'une réponse peut-être plus juste) d'un DJ lui aussi bandané et d'un autre gars qui au bas mot doit peser 1 Guy Carlier et demi, DOOM apparait et aucun doute possible. On reconnait son bide à bière, et surtout sa voix, la fameuse voix cotonneuse et éraillé, celle qui parcourait déja les disques de KMD et 3rd BASS, et qui désormais se démultiplie au gré des envies en Viktor Vaughn, King Geedorah, MF DOOM, DOOM (tout court), Madvillain, Dangerdoom etc... Dumile commence sur l'excellent Accordion de Madvillain et toutes les craintes s'envolent: ce concert sera historique ET excellent. Le posse sur scène donne un coté un peu ghetto qu'on attendait pas forcément (soirée sponso Clark Mag quoi) mais la formule fonctionne même si le mec en necro n'a visiblement aucune notion de rythme.
Le son est colossal. Il permet de voir de quoi est capable cette salle en hip hop, et rend justice aux énormes beat de Metal face ou de Madlib dont les basses deviennent étouffantes ce soir. Contrairement aux productions de RZA qui n'avaient pas franchement décollées l'an dernier dans la même salle avec GZA, celle de Dumile et consorts sont ici puissament ré-haussé. Une enceinte n'y survivra d'ailleurs pas, grillant lamentablement au milieu du set. Sur scène, DOOM entame tranquilement, se ballade avant et au fur et à mesure que sa voix se chauffe, de se déchainer de plus en plus, prend un rythme de croisière remarquable. Virtuose de sa propre voix, il ne se plante jamais, enchaine les morceaux à une vitesse incroyable, rappelant l'énergie des Beastie, sans temps morts. Il se permet de jouer avec sa voix en la modulant parfois, et en en faisant finalement un instrument qu'il maitrise à le perfection. Dumile pioche dans Madvillain, donc, mais va aussi chercher du coté de ses solos classiques (Mm Food, Operation Doomsday ou le petit dernier) ou de ses alias (King Geedorah dont il exécute un FAZERS anthologique par exemple). Entre la puissance du son et l'incroyable maitrise technique, couplé à l'impression de bordel ultra maitrisé à cause de tous le posse sur scène, le concert prend des allures de messe à la gloire du fantome se cachant derrière le masque (qu'il soulèvera pour une gorgé de houblon), une orgie sonore impressionante.
Mais après un faux départ puis un autre, le concert ne durera qu' un peu plus d'une heure, ce qui rend le public nerveux, entrainant toutes sortes d'insultes. Certes, la durée peut paraitre un peu juste notamment au vue du prix (rappelons nous, cependant, que RATM ou Prodigy qui font casquer autant voir plus n'ont pas jouer plus longtemps à titre d'exemple). Vu la qualité de la performance, il faut admettre avec lucidité qu'un prolongation entamerait probablement celle-ci. Néanmoins, DOOM aurait pu éviter de stipuler à la fin du second rappel qu'il n'a été payé que pour jouer une heure (même si c'était ironique, à 40€ la place je ne crois pas que le chaland ait payé cette somme pour "une heure"), donnant à cette première date européenne de sa carrière un gout amer guidé par la thune et une approche syndicale du concert.
Alors concert exceptionnel: oui, mais quand même court (1h10), pour ne pas dire un peu juste. On se consolera en réalisant que d'un point de vue PUREMENT qualitatif, nous avons assisté à un évènement. Pas moins.
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7 commentaires:
Jcomprends pourquoi t'achetes plus de disques moi!
Oui, je prefere tout dépenser dans des concerts "discutables".
Je pensais que t'étais mort, j'allais saborder le blog...
C'était ça la chronique de Chokebore(d) ?!
ouip, la prochaine si tu revenais pas c'était du cradle of filth
ça a l'air bonne ambiance, ces concerts ...
y'a pas de photos ?
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