Le Post rock, ce fameux nom batard que l’on a accolé à quantité de groupes, pour signifier qu’ils faisaient des morceaux instrumentaux avec des instruments rock. Jolie fumisterie que ses nouvelles errances, entre shoegaze arty et féminisation outrancière, errances folks par ci par là, voix farinelliesques et grand guignolisme sonore. Le pire dans tout ça, c’est que l’on passe outre les réels objectifs d’un soi disant genre. Putain, il faut pas nous la faire à l’envers, qui est capable de s’envoyer un disque de Mono en entier, ou encore d’écouter A silver Mt Zion (et ses milles projets) sans prendre sa bite dans ses mains et se la frotter nerveusement pour éviter l’ennui. Microfilm est étiqueté post rock. Rien que pour ça, on aurait pu les détester. Ca serait sans compter sur le tour de force que réalise le groupe sur ce nouvel album (qui surclasse de loin les précédents), en livrant un album de ROCK. Pratiquer un rock à grosse tendances instrumentale ne fait pas d’eux un groupe arty, au contraire, les morceaux vont au grain, éliminent les passages inutiles, se contrefichent des structures pseudo progressives ou trois arpèges sont mixés de plus en plus fort pour ensuite se distordre. Microfilm laisse de coté violons et autre mièvreries. Microfilm se rapproche plus des Cure, dans cette façon de faire un rock mélancolique, avec une basse omniprésente et presque dansante, dans cette façon d’insuffler l’énergie du désespoir à ses morceaux, tout en restant dans un idéal céleste. Alors certes, certains passages peuvent rappeler Mogwai, (qui à la base était quand même chaudement recommandable), pour cette façon cristalline d’insister sur une mélodie ou de faire évoluer ses compositions en filigrane. Mais la comparaison s’arrête là. Microfilm se paye une production brute, bien rock, assez rythmiquement lourde, qui contraste avec l’ aspect toile de guitare et rehausse la force mélodique des morceaux.
A cela se rajoute le concept cinématographique, où chaque morceau raconte une histoire, à base de samples d’obscurs films (en majorité francais). De grands moments, avec ce Devant nous, rien qui rappelle la force de la maman et la putain de Diabologum, cette tristesse quotidienne palpable, cette acceptation d’un sort, cette non attente du lendemain (le sample semble retracer la dureté du monde ouvrier, donc du travail, devant l’incapacité à avoir une attente réelle de son travail, et devant le manque de reconnaissance du labeur physique). Le personnage de ce morceau ne se plaint pas, il constate, il regarde ses mains, il souffre et pourtant assume avec courage. Bien agencé, un autre sample sort du lot avec le morceau Blood Sample, psychédélique à souhait, hypnotique qui relate une histoire de meurtre, et qui termine sur un personnage principal admettant à la police qu’il n’y a pas de corps, donc pas de meurtre.
Les morceaux sont directs, la durée totale de l’album bien sentie qui permet de conserver une efficacité tout du long et le concept de composition au rendu poignant par moments. Un des seuls groupes dits post rock intéressants. (Head Records)
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