vendredi 5 mars 2010

Pelican - Ouat Oui Hole Come Tou Nideu

Voila une participation d'un dénommé gugo, avec son propre accord, et son amour éperdu pour la musique de Pelican. Baudelaire parlait d'un autre oiseau à l'époque, le fameux Albatros: Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !//Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid ! Trève de Bavardages, parole à l'ami gugo:

"Quand on est dans la merde jusqu'au cou, il ne reste plus qu'à chanter." Beckett


Informer c'est déjà vendre un peu quoi qu'on en dise. A la prime citation d'un simple produit ou de son triste auteur ce sont des copies écoulées, c'est la rançon à payer quand on vient nier une œuvre. Ou plutôt : quand on la remet là où on la situe naturellement, dans l'horreur gaspillée, l'aveu d'impuissance du copiste qui vieillit en même temps que son mimétisme, et s'éloigne toujours plus de l'art...

Pelican, c'est une sale affaire dont il faut causer, parce qu'il ne se sent pas agoniser, il est déjà tristement insensible, désolidarisé de son influence tellement il a dans la gueule l'influence des autres... Son impuissance, c'est le mou remous de sa nouille qui ne bande plus qu'aux injections du talent des autres. Il pourrait être poli, se branler dans son coin et distiller son extase naïve dans des petites gouttelettes stériles, dilapidées-là sur les steppes sableuses qu'il foule maladroitement. Il a la jouissance aride, ce qu'il enfante crève de chaud sitôt expédié du réservoir qu'il a gros dans la gorge, le Pelican. Il a sucé de son orifice horrible tant de modèles célestes qu'il ne peut que freiner sous ses kilos en trop coupables, s'enfoncer dans les sables mouvants et s'y figer avant de disparaître. L'ennui c'est qu'il persiste et signe en 2009 son petit retour qui n'est même pas un crash terrible dont le vacarme assourdissant gênerait ses détracteurs, mais à peine un ricochet de plus avant la noyade. Le regard terne de ses pochettes grisâtres ou abyssales a repris le carminé ardent des premiers jets fameux, ses vertes années rougeoyantes. Le graphiste a eu l'inspiration de laisser la flotte, qu'on n'oublie pas dans quel égout le pélican barbote indolemment. Qui viendra cartonner un si gauche canard ? Il ne mérite même pas d'être haï, il faut s'en moquer et tirer la chasse, le laisser couler sous la bonde de l'ennui.

La signature sur Southern Lord et la participation du nouveau mécène Anderson au disque qui va le régaler de dollars n'est que de la publicité, certainement pas un régime. Le produit s'est lui-même vidé de toute substance, n'étant grossi que de matières superfétatoires, au point qu'il en est ringard avant même sa sortie matérielle, on connait déjà la chanson adipeuse. On n'est même pas surpris d'entendre des minauderies sur "Last Breath" (si seulement !) tant ce chant ridicule a honte de lui et de sa proximité avec ces harmonies mielleuses... La saveur suave ne décrasse pas la gorge saturée des débris des autres, elle les coule dans une nouvelle structure si indigente que Giacometti applaudirait le rachitisme de ce filtrat inutile. Pelican invente le poids-lourd allégé, le contenant qui ne demande qu'à exploser d'air comme un ballon ignoblement boursouflé. Le batteur ne fait même plus rire de sa nullité avérée, on le prendrait presque en pitié, qui peut en vouloir à ce pauvre diable de laisser filer entre ses baguettes des mélodies aussi périmées ? Il transpire l'honnêteté à l'insu de ses propres pauvres efforts rythmiques.

Pelican n'attend plus que l'aval du musée Grévin pour mettre un point d'orgue à sa subtile harmonie du désenchantement. Il est déjà sa propre caricature, statufié dans sa stérilité de mime pas drôle. Les disques passent comme le vent, ce n'est pas Pelican qui avance mais le temps qui le recale à chaque nouveau disque merdique. Ce n'est plus Grévin qu'il faut supplier pour qu'il nous range le Pelican loin de la voie publique, mais le musée des horreurs...

Pelican, l'ex-dinosaure qui réfute l'ère glaciaire qui lui a balayé son avenir. L'occasion peut-être d'esquiver ce colosse encombrant pour revenir à ses deux premiers efforts, imprimés comme le passage énorme d'un mastodonte d'une ère géologique antédiluvienne. Le reste c'est de la ritournelle de plus en plus décatie, du papier de verre devenu paillettes, du tellurique qui veut décoller en sphères post-rock et s'effrite dans la stratosphère de l'ennui, une fine poudre dans les yeux et un gros caillou dans la chaussure, un pavé dans des flaques d'eau, de la daube préhistorique qui n'a gardé du caillou rugueux de ses origines qu'une surface plane et lisse, une pauvre substance caillée à tailler en cire dans les tympans déjà obstrués d'ordures fossilisées et qui s'érode avec elles jusqu'à devenir un nouveau style, la post-muzak minérale. Ce dont nous avons tous besoin maintenant, c'est de laisser la nature absorber cet étron, que ça fermente un peu, car aucune récolte ne pouvant être moins personnelle il faut laisser les autres recycler Pelican. Il faut que ça transite, que ça se digère. Ce qui en sortira héritera probablement d'une sale gueule, mais peut-être qu'elle fera rire. Ce texte ne demande pas mieux.

6 commentaires:

gulo gulo a dit…

en même temps, pelican c'était emmerdant comme la pluie depuis le premier enregistrement

Macho))) a dit…

J'aimais bien la démo moi!

gulo gulo a dit…

moi j'aimais bien la première séance d'accordage, là y avait de la créativité, après c'est devenu de la soupe

Damodafoca a dit…

Dès Australasia c'était pas bien, trop jouasse, trop d'espoir dans cette musique. Et sur scène c'est chiant. Dommage, j'ai une belle serigraphie d'eux de SOMA que j'aimerais bien affiché si j'étais pas allergique a leur son.

gulo gulo a dit…

putain mais t'es un vrai gothique toi en fait !

Macho))) a dit…

Oui, pas un rose bonbon comme toi.