lundi 22 mars 2010

Chapelier Fou - 613

Le chapelier fou était ce violoniste de formation surement voué à jouer dans un orchestre, qui aurait fini en type triste, peut être premier violon dans un élan de gloire, il se serait mouché dans une salle silencieuse pleins de vieux minant de ne pas dormir en s'appuyant sur leurs accoudoirs pour reprendre une énième fois une pièce de musique.
Mais quelque chose s'est passé chez ce type, une sorte d'illumination et surtout un écart sur son futur qui lui était prédit. Les précédentes sorties annonçaient la couleur, on était en droit d'attendre quelque chose de beau, quelque chose de nouveau, quelque chose qui nous remplisse de bonheur. 613 incarne toutes ces espérances. Le Chapelier fou, surement fort de sa précédente tournée acclamée se libère et éclate sa barrière instrumentale pour livrer quelque chose de toujours aussi intimiste mais pourtant bien plus universel. Un homme orchestre violoniste à la base, qui introduit quantité d'instrumentation néoclassiques à son electronica doucereuse, ou le contraire finalement, tellement la richesse des morceaux et leur intelligence ne permet pas d'établir une balance correcte. 613 est à la fois coloré, doux, joyeux, triste, nostalgique, peint un pays imaginaire tel que l'on pouvait s'inventer étant enfant et remet au gout du jour cet onirisme poignant et mélancolique. Le violon reste son instrument de prédilection, et la base fondamentale de cet effort, où le chapelier fou sample ses phrases, touche ses cordes, range parfois l'archet au placard pour digérer ses partitions et les intégrer à un tout beaucoup plus symbolique et beaucoup plus riche. On peut aisément l'accoler à cette frange d'artistes recherchant à tout prix à recréer cette magie imaginaire et ces fantasmes propres à l'enfance (son surnom n'est d'ailleurs pas choisi au hasard), pour livrer un pays imaginaire flottant, toujours doux et toujours très fin, avec une pointe de mélancolie (que vient sublimer la voix de Matt Elliott sur un morceau, qui plombe carrément l'ambiance, dans le sens positif du terme). On pense alors à Boards of Canada pour cette grâce et ce raffinement dans les arrangements, mais le Chapelier fou brouille les cartes, fort d'une production impeccable et d'une intelligence musicale. Rempli de surprise, cet album est aussi impeccable sur la longueur et truffé de détails, loin de vouloir peindre une bande originale ratée et synthétique, mais choisissant d'accoler son background classique à une vision d'une musique électronique personnelle, peut être plus à l'image d'un Richard D James pour l'univers marqué et sans concession. Gros coup de coeur que ce 613, qui fourmille d'idées et reste pourtant étrangement accessible et immédiat. " Comme c'est bizarre". (Ici d'ailleurs)

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